Chronique du 14 février 2005

Tu aurais pu rater l’événement ; donc je te le dis au cas où.

L’Echo des Caps, l’hebdomadaire de la municipalité de Saint-Pierre, a sorti son millième numéro. Chouette ! s’écrieront certains, il l’a mis dans le mille, comme d’habitude. Que nenni ! objecteront d’autres puisqu’il n’y a qu’un numéro mille pour une publication donnée, « comme d’habitude » c’est beaucoup dire. Mais avoir dit des choses à mille occasions, n’est-ce pas la preuve qu’on a beaucoup dit ? Pour ce faire, n’aura-t-il pas fallu en outre dépenser des mille et des cents ?

Ne serons-nous pas d’accord pour convenir à cent pour cent, en arrondissant à la rigueur, qu’un numéro mille, ça n’arrive pas tous les jours dans une communauté de 6000 âmes ? (moins celles qui ne lisent pas) Mais, de s’interroger certains, qu’est-ce qui peut faire la différence entre les numéros 999 et 1001 ? Eh bien, le numéro 1000, patate ! (je te dis patate amicalement car j’aime la pomme de terre) J’ajouterai que si l’on a atteint le numéro 1000, c’est du millefeuille pour la vénérable entreprise.

Mais sommes-nous mieux informés ?

« Il est de plus en plus difficile d’interviewer des responsables de services publics, d’obtenir des informations officielles » de déplorer l’adjoint au maire de Miquelon dans le numéro 91 de l’Horizon. Y a pas à dire, ce sera difficile dans ces conditions d’atteindre le numéro 1000. 100 à la rigueur. D’où la prouesse, je le souligne, réalisée par l’Echo des Caps.

Ceci dit, si l’on tient compte de l’analyse du confrère, nous sommes informés et nous ne le sommes pas. Ce qui est rassurant toutefois. Car s’il fallait tout dire, nos journaux ne seraient-ils pas plus épais, donc plus chers ? Nous ne pourrions plus alors les acheter et nous serions privés d’informations. Au risque de se fier à de vagues échos des bribes qui nous parviendraient.

Mais l’Echo avec sa majuscule nous rassure. Et dans son numéro 1000 il y a même un compte rendu des discussions en cours sur le nouveau statut. Ce n’est pas une nouvelle, me diras-tu ? Ne sois pas bégueule, va. « Le premier enseignement, c’est qu’il semble que l’on puisse encore débattre sereinement, et dans un esprit constructif, lorsque l’intérêt de l’Archipel est en jeu », de souligner notre édile saint-pierraise. « Cette première réunion s’est déroulée dans un climat serein et constructif, où le débat d’idées avait toute sa place », de préciser Cap sur l’Avenir.

Que l’on puisse discuter entre insulaires microcosmiques, n’est-ce pas là l’INFORMATION dont nous avions besoin ? Quoique, si tu relis attentivement, le « semble », suivi du verbe pouvoir au subjonctif présent, ne tempère-il pas la nouvelle, l’information étant à prendre alors avec des pincettes ? Ne devines-tu pas une nuance entre le maire de Saint-Pierre et l’opposition représentée par Cap sur l’Avenir, beaucoup plus confiante, forcément, puisqu’elle met le cap sur… l’avenir.

Auquel cas, il est important de se tenir informé, ce qui ne peut que t’encourager à mettre le cap sur les 2000, en commençant par te procurer le prochain numéro qui précédera le suivant.

Ainsi va la vie, cahin-caha, en prenant son temps, mais il n’y a pas de presse.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
14 février 2005