Chronique du 1er février 2005

Alors, vas-tu me dire – je te dis tu car tu m’étais devenu si familier – que s’est-il donc passé ? Censuré ? Ligoté ? Bâillonné ? Penses-tu ! Nous sommes à saint-Pierre et Miquelon, je te rappelle, le paradis de la libre expression. N’as-tu pas remarqué comme chacun se sent en sécurité dès qu’il ouvre la bouche ? Quand il la ferme, il se sent encore un peu mieux, tu me diras. Ah bon ? te demanderai-je…

Un coup des Américains ? Que non ! Ils nous ont déjà fait le coup en quarante ; mais la France libre nous collait aux basques (aux Basques, aux Normands, aux Bretons) et grâce à cette bonne étoile, nous n’avons fini quelque part sur des drapeaux – tu sais ceux que les benêts agitent tout souriants qu’ils sont, quand ils voient passer leur président.

Eh bien, on a eu droit à un crash disk, tout bonnement (façon de parler). Et ton malheureux chroniqueur obligé de se gratter la tête pour se chercher des poux sans pouvoir vendre la mèche de ce qui se passe sous la tonsure de ceux qui pensent à notre avenir ! Et mon webmaster de transpirer de la coiffe pour sortir de cet état de léthargie chronique forcée.

Bon, ça n’aura pas empêcher les Irakiens de voter, sauf les morts bien entendu, dont on ne parle plus puisqu’ils comptaient pour si peu du temps de leur vivant ! Et puis on aura tout de même droit au traitement des déchets vu qu’on n’a rien dit mais qu’on a été compris (occasion de vérifier que fermer sa gueule est parfois lourd de messages compréhensibles). On aura un nouvel hôpital. Mais pour le prix de la journée, on aura l’occase d’en recauser. Les p’tits vieux vivent-ils bien leur hiver enneigé ? Circulez, il n’y a rien à voir. Il n’y a que les politiques pour ne jamais balayer devant leur porte. Et la jeunesse ? Elle est en forme ? La culture, d’accord, mais dans la limite des fonds disponibles. Et comme il y a un trou dans les fonds…

Et le tourisme ! me crieras-tu (car je suis dur de la feuille vu que j’avais perdu l’habitude d’écrire). On a remodelé le SLA qui sera coiffé par un CRT, ce qui nous donnera SLA/CRT SLA SLASH CRT (de slash, entaille). De quoi nous transformer tous en porteurs de rêves pour touristes en rade (pour ceux qui viendront par bateau, pardi).

Bref, la terre a continué de tourner. Mais tu m’as quand même manqué, tu sais.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
1er février 2005