Chronique du 26 février 2005

Il aura neigé sur Saint-Pierre, le pape n’en aura plus fini plus de retarder son départ pour le paradis, un ministre de l’Economie aura perdu son emploi par gabegie de mots contradictoires, il aura sans doute fait beau quelque part… Se souviendra-t-on de cette fin de février de cette année-là ?

Je te parle comme si ce présent faisait déjà partie du passé – d’ailleurs, quand tu y réfléchis, c’est déjà le cas.

Tout ça pour dire que l’événement, quel qu’il soit, peut être marqué du sceau de la banalité. Qu’un ministre ait voulu nous en mettre plein la vue, quoi de surprenant ? Que Jacques Chirac ait laissé tombé un pote qu’il se targuait de soutenir ? Pas de quoi virer socialiste quand on est Umpiste. Qu’un pape soit mortel ? Il n’ya pas de fumée sans feu. Quant à la neige, eh oui, l’hiver à Saint-Pierre et Miquelon c’est aussi le ballet, chaque année à l’affiche, des chasse-neige, souffleuses et autres camions.

Et tu remarqueras que, cette année, personne ne se plaint dans les travaux publics, alors que l’an dernier oui, bien que rien n’ait changé depuis. Preuve que l’on s’excite parfois pour des raisons qu’on ignore. Tant est permanente l’inconstance du genre humain.

Pas de quoi faire la Une, me diras-tu. Eh bien oui, précisément, histoire de changer.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
26 février 2005