Chronique du 6 février 2005 (2)

Max Olaïzola – Jean-Louis Debré, même combat ?

Interrogé sur RFO le 5 février 2005, le représentant FO de Saint-Pierre et Miquelon a déploré l’inflation législative qui nuit aux négociations entre patrons et syndicats, seul processus à même de faire évoluer le bien-être des travailleurs et salariés. La loi sur les 35h, imposée d’en haut, aura entraîné des débats difficiles sur le terrain pour trouver difficilement des solutions supportables par les deux parties ; mais force est de constater que le niveau de vie de ceux qui trinquent au quotidien ne s’est pas amélioré. Plus de temps libre certes, mais pas assez d’argent pour en profiter. La nouvelle loi visant à remettre en cause les 35h est encore une mesure qui tombe sur le paletot de tous les gens de terrain et les dindons de la farce politique médiatisée ne pourront être que les mêmes.

Le 18 janvier 2005, dans une interview accordée à Libération, le président de l’Assemble nationale, Jean-Louis Debré, estimait que « les lois inutiles tuent les lois nécessaires » et dénonçait « l’inflation législative ».

Bref, ministres, députés et sénateurs nous les brisent et il serait temps de le leur dire. Mais que deviendraient ces grands seigneurs de la manipulation verbale s’ils se trouvaient privés de leur logorrhée existentielle ? La démocratie n’est-elle pas une vaste entourloupe technocratique qui aura eu le succès escompté de l’asservissement des masses d’hier, éclatées aujourd’hui en une myriade d’individus désemparés ? Une explosion nucléaire du corps social qui, à la différence de l’atome, n’aura libéré aucune énergie. Pire, elle n’aura engendré que la passivité. N’était-ce pas le but recherché ?

D’ailleurs, le représentant FO le soulignait ; aucune manifestation n’aura eu lieu à Saint-Pierre et Miquelon parce que la base ne donnait aucun signe de l’action nécessaire. L’Archipel n’est-il pas précurseur de l’état abouti de la léthargie sociale, soumis qu’il est à des forces qui le privent de toute capacité de réaction ? Un laboratoire de la France de demain, voire même d’aujourd’hui, en quelque sorte…

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
6 février 2005