Chronique du 1er mars 2005 (3)

Que Saint-Pierre et Miquelon entre dans une échelle comparative à l’instar de celle de Richter ne peut que satisfaire notre ego d’insulaires convaincus, n’est-il pas vrai ? Ainsi, sur le site du Devoir, quotidien québécois, l’embauche d’Alain Juppé dans une grande institution universitaire déclenche une ire propre à débrider les évocations les plus alarmistes. Le Québec est en danger, voyons donc.

« Suite à la scandaleuse annonce par l’ENAP de l’embauche de M. Alain Juppé, je reprends la fronde commencée dans votre récent éditorial par le Professeur Bouchard.

Condamné pour abus de biens sociaux, M. Alain Juppé ancien haut fonctionnaire à la retraite, le bagnard de la classe politique française, la brebis galeuse que ses anciens amis évitent est embauché par l’ENAP, au titre de professeur invité, pour la somme dérisoire de 150000 dollars canadiens annuels » s’exclame un citoyen avant de s’interroger : « L’ENAP défendrait-elle désormais des valeurs telles que le mensonge et la magouille ? » Mazette, il n’y va pas de main morte, le bougre.

Mais retiens ton souffle, ô lecteur avide de sensations fortes ! Car suit la phrase suivante, encore plus assassine : « Quel contraste entre le Canada qui s’apprête à faire valoir sa toute relative indépendance face aux diktats des Etats-Unis, concernant le refus du bouclier spatial et le partage des eaux des grands lacs et la province du Québec qui ferait d’avantage allégeance à Paris que les îlots de Saint Pierre et Miquelon. »

En embauchant Juppé, le Québec « ferait davantage allégeance à Paris que les îlots de Saint-Pierre et Miquelon ». Ce n’est pas possible ! Que le Québec fasse allégeance à Paris ? me demanderas-tu ? Non, te répondrai-je. Plus que Saint-Pierre et Miquelon, ce serait comme sortir de l’échelle de Richter…

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
1er mars 2005