Chronique du 24 mars 2005

Faut bien nager, voire surnager.

Une délégation de Saint-Pierre et Miquelon est donc à Ottawa pour les quotas de pêche.

Nouvelle rassurante, pour notre député, les quotas de morue pour 2005 devraient être identiques à ceux de l’an dernier.

Mais la morue ne risque-t-elle pas d’entrer dans la catégorie des espèces en voie de disparition ? Interrogation bien humaine, en décalage avec une réalité malheureusement trop dégradée. Si tel était le cas, ce serait certes grave pour l’Archipel. Plus un gadidé ne pourrait être pêché. Le Canada ne peut se permettre en la matière une mesure unilatérale, de préciser le député.

Cette problématique – somme toute bien compréhensible au niveau d’un politique doit-elle occulter un drame beaucoup plus important, celui de la surexploitation des ressources qui nous aura précipités dans un risque planétaire d’effondrement des espèces ? « Les prises de morue (Gadus morrhua) ont diminué de 70% dans le monde depuis 30 ans et si cette tendance se poursuit, les stocks de morue seront épuisés dans 15 ans » peut-on lire sur le site www.futura-sciences.com dans un article en date du 10 mars 2005. « L’ensemble des morues adultes encore présentes sur la plate-forme néo-écossaise (Scotland Shelf), une zone côtière peu profonde de 120 000 km2, située à l’est du Canada, tiendrait dans seize petites goélettes de pêche des années 1850. En d’autres termes, en un siècle et demi, les stocks de ce poisson auraient baissé de 96 % dans la région », pouvait-on lire dans Le Monde du 10 mars 2005

Bref, n’est-on pas entré dans l’ultime phase, sans qu’on veuille l’admettre publiquement du fait de l’immédiateté de l’interaction entre le politique et son électorat, où la morue naturalisée risque de finir au musée de l’inconscience humaine ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
23 mars 2005