Chronique du 25 mars 2005

N’assiste-t-on pas en France aux prémisses d’une remise en question inéluctable, pour retrouver le droit de déterminer notre destin et de disposer de la puissance nécessaire ?

Or, que nous répond la caste hiérarchisée d’un pouvoir subtilement extorqué à la multiplicité des composantes de notre société franchouillarde déboussolée ? On vous entend, mais on ne changera rien à la ligne adoptée. Retarder le droit à la retraite ? Impossible de faire autrement. Remettre en cause les 35 heures ? Impossible de faire autrement. Une nouvelle loi pour l’école ? Impossible de faire autrement. Eviter l’augmentation des salaires ? Impossible de faire autrement.

L’exaspération enfle, le fossé s’accroît entre une classe politique autiste et un peuple disparate en proie à l’incompréhension. Le malaise grandit, touche toutes les couches de la société. Les vieux se sentent oubliés, les jeunes regimbent contre cette course effrénée vers un bonheur illusoire ; entre les deux, les imposés s’interrogent sur les figures d’un quotidien de plus en plus souvent jugé insupportable. N’a-t-on pas l’impression qu’avec un microcosme politique accroché à ses certitudes le premier ministre n’est plus que le chef d’orchestre du grand bal des cocus ?

Saint-Pierre et Miquelon n’échappe pas à cette sinistrose. Rééditer les comportements et les schémas de pensée qui auront abouti aux impasses actuelles ne pourra que préparer des lendemains encore plus douloureux. Mais la redéfinition du bonheur collectif peut-elle trouver sa place dans les positionnements à venir ?

Le rendez-vous électoral majeur de 2006 approche ; quels seront les enjeux pour une ambition et un art de vivre insulaires renouvelés ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
24 mars 2005