Chronique du 26 mars 2005

Souviens-toi – mais il faut quand même que tu fasses un effort – il faisait chaud. Et les vieux mouraient plus que les mouches. 15000 morts en quinze jours ; c’était en France, un été 2003.

Alors, histoire de se garantir un petit air de fraîcheur, il aura fallu travailler un jour de plus pour que l’Etat achète à froid des ventilateurs, vu qu’à chaud il n’avait pas su prévoir. Le supplice des pales, en quelque sorte. Normal donc que nos îles subarctiques suivent le mouvement. Une journée supplémentaire de turbin pour tout le monde ! De donner chaud au cœur à nos aînés, l’air de rien.

Alors on attendait le versement de la contribution des entreprises, sur la journée de travail supplémentaire, entreprises qui n’auront pas pu verser un rotin puisque la loi pour opérer le versement n’était pas applicable à Saint-Pierre et Miquelon, sauf la journée de travail qui elle l’était. Alors, on a modifié la loi…, supprimant ainsi l’obligation d’une journée de travail dans le secteur privé, de quoi souffler, tu t’en doutes bien, le chaud et le froid. Quid en effet de la fonction publique ? Chaud devant ! ne risque-t-on pas d’entendre dans un tel contexte ? De quoi jeter un froid, assurément, ce qui – si tu y réfléchis bien – contribue gratuitement au bénéfice recherché. Pas question toutefois, tu l’imagines bien, de laisser une telle incertitude au frigidaire.

Et les personnes âgées ? demanderas-tu. Bah ! Elles attendront qu’une nouvelle mesure soit dans l’air ; elles connaissent l’air et la chanson.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
26 mars 2005