Chronique du 6 mars 2005

« Pas le droit de dire non à l’Europe » a déclaré Sarkozy. Mais avons-nous le droit de nous faire une opinion ? D’abord ne pourrions-nous pas respecter le droit à dire oui ou non à l’Europe, sauf que si je ne m’abuse, là n’est plus la question puisque l’Europe, elle est, qu’on veuille dire oui ou non.

Mais à quelle Europe veut-on dire oui ou non, là est la question. Et qu’en démocratie on puisse dire oui ou non, là réside le sens d’une consultation populaire labellisée « référendum ». Car si l’on n’a pas le droit de dire oui ou non, aussi bien rester couché dans son pieu douillet le jour de la consultation. Tant qu’à faire, histoire de ne pas finir dans de beaux draps – ce qui est un comble pour les sans-logis-, aussi bien ne mettre à la disposition de ceux qui n’ont pas le droit de choisir un seul bulletin OUI et l’affaire ne sera-t-elle pas ainsi réglée, oui ou non ?

Parce que, vois-tu, si j’ai bien lu ou entendu, même sur nos îles certains veulent dire non, oui ou non ? Et qu’on sache pourquoi, j’aimerais bien qu’on dise oui, non ?

Attendons donc la campagne de nos élus, nos guides, nos pères et mères de la pensée politique et cela aura au moins le mérite d’oublier le printemps qui, comme chaque hiver, aura du mal à prendre ses quartiers d’été. Non ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
6 mars 2005