Chronique du 4 avril 2005 (2)

« Le pape est mort et le monde entier est en deuil » titre Yahoo.fr le 3 avril 2005. C’est quoi le monde entier ?

Car si Karol Wojtyla est mort, il s’agit d’abord de la mort d’un homme qui certes aura été pape, ce qui n’est pas donné à tous les animalcules que nous sommes. Que ce parcours de vie suscite une réaction émotive d’une ampleur propre aux destins qui impressionnent, quoi de plus normal ?

Mais que penser de ce qui pousse à écrire « le monde entier est en deuil » ? Le pape n’est-il pas d’une obédience bien identifiée, d’une religion qui est une parmi tant d’autres ? L’athéisme ne fait-il pas aussi partie de la destinée humaine ?

La mobilisation non-stop de certains médias – RDI au Canada pour ne citer qu’un exemple – revêtait une forme d’indécence pour ceux qui ne se reconnaissent pas dans le concept même de pape. De quoi vendre son tube cathodique, pape inclus, pour s’aérer les neurones. Ne frisait-on pas par moments l’idolâtrie qui aura précisément amené l’émergence de nouvelles pratiques religieuses ?

Car le respect vis-à-vis d’un homme au-dessus de la mêlée passe aussi par le respect de tous les autres, quelles que soient leurs croyances.

L’on finit même par se demander ce qu’on aurait retenu de Jésus de Nazareth au Golgotha si la télé avait existé…

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
3 avril 2005