Chronique du 8 avril 2005

Manque de dialogue ? Incompréhension ? Vision parcellisée de l’avenir de l’Archipel ?

Les reproches d’un responsable d’EDC (Exploitation Des Coquilles), teintés de lassitude, voire de « ras-le-bol », étaient nets sur le petit écran du journal de Vingt heures de RFO le 7 avril 2005.

Car la critique semble être localement un art facile quand on fait reproche à la société aquacole de ne pas prendre soin de quelques filets rejetés sur le rivage. Un incident anecdotique au regard de l’effort déployé, oublié lui par contre, pour, sur la base des études de faisabilité et avant projets d’élevage fournis par l’association ARDA en recherches aquacoles en 2001, faire un véritable projet d’entreprise assurant au niveau de l’emploi 35 équivalents temps pleins avec en réserve désormais un stock de 21 millions de coquilles en grossissement implantées sur 500 hectares de concessions marines.

Quelle autre activité d’une telle ampleur pourrait-elle être envisagée à Miquelon ? de s’interroger le directeur d’exploitation de la société en déplorant l’absence de visite du Conseil général.

Or, voici quatre ans que l’entreprise EDC, dans le cadre d’une diversification des activités du groupement d’entreprises GIE, développe un élevage de coquilles St Jacques en s’efforçant de s’intégrer dans l’environnement local de l’exploitation des ressources marines du territoire. Une activité à la noix, penseront peut-être certains. A la noix, peut-être, mon coco, répondra un autre, mais qui t’aidera à croûter.

L’ambiguïté ne vient-elle pas de l’activité commerciale elle-même ? « A qui vendez-vous vos coquilles ? » ne signifie-t-il pas – comme l’indique le Petit Robert, « vous vous moquez de moi » ? soulignera un linguiste.

N’assiste-t-on pas aux prémices d’un désengagement possible, sur la base d’un constat d’un dialogue de sourds, qui serait gravement préjudiciable à une des rares activités de production ? Préliminaires d’un pèlerinage collectif à Compostelle après avoir fait une croix sur la Saint Jacques en guise de cruelle désespérance ?

L’Archipel a-t-il les capacités, la volonté, d’assurer un véritable développement économique basé sur une activité de production ? L’histoire des vingt dernières années n’a-t-elle pas plombé les espoirs en la matière ?

N’y aurait-il pas là de quoi alimenter une véritable réflexion politique ? Qu’aura-t-on au menu de notre archipel demain ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
8 avril 2005