Rendez-vous avec l’Histoire

« Ni une motion de confiance ni une motion de censure » a déclaré le premier ministre Raffarin à propos de ce que doit être le positionnement pour le Oui ou le Non lors de la consultation du 29 mai 2005 sur la Constitution européenne.

Je vais peut-être te surprendre, ô lecteur, mais je partage cette analyse ; le rendez-vous clef que nous avons avec l’Histoire au mois de mai ne doit pas être faussé par le regard que nous portons sur la politique du gouvernement actuel. La France traverse des difficultés ; d’autres échéances viendront pour prendre une position politique plus… intérieure.

L’Archipel de Saint-Pierre et Miquelon n’échappe pas à ce jour historique. Car historique il le sera, quel que soit le résultat. Quand les sondages portent sur des échantillons de… 910 personnes, pour ne faire référence qu’à l’un d’entre eux, on est en droit de se dire que même sur nos rochers éloignés chaque voix pourra compter le jour J.

Soyons d’ailleurs conscients de la chance que nous avons d’être au moins consultés. L’approche aurait pu être différente. L’invitation à nous rendre aux urnes est une marque de respect de l’opinion populaire. C’est en soi un signe fort, tous les pays concernés ne procèdent pas de la même manière.

Sans doute est-il nécessaire d’analyser le malaise collectif qui vient perturber le mouvement bien enclenché vers une dimension européenne garante de l’équilibre auquel chacun aspire, nourri de la mémoire de nos grands déchirements du vingtième siècle, des extraordinaires dépassements des divergences accomplis depuis la deuxième guerre mondiale.

Notre indécision ne vient-elle pas tout simplement de la difficulté que nous avons à percevoir le contenu de la Constitution qui est soumise à notre analyse, la presse se faisant plus l’écho des algarades entre porte-drapeaux des deux bords que des tenants et aboutissants du texte lui-même. Où sont les efforts pour nous éclairer, y compris localement ?

Pour quoi votait-on ? risque-t-on alors de se demander au lendemain d’un possible effarement.

Henri Lafitte, 6 avril 2005