Chronique du 15 juin 2005

Que le Charles de Gaulle fasse escale à Saint-Pierre et Miquelon en compagnie de quelques autres membres de la flotte nationale, en ce 14 juin 2005, voilà qui pourra flatter notre patriotisme et notre sensibilité « Croix-de-Lorraine ». Et puis nous sommes contents pour notre entrepreneur des produits de la mer qui aura pu écouler un peu plus d’une tonne de homard. Sans parler de la morue… D’ailleurs, cher lecteur consommateur de produits aquatiques, est-ce qu’il nous restera suffisamment de denrées pour la fête des fruits de mer ?

Que ces modèles à maquettes pour enfants bien élevés viennent faire quelques ronds dans le tuyau de notre identité ultramarine ne pouvait être d’ailleurs qu’un bon signe pour le reste de la planète. Aurait-on pu imaginer une telle visite dans une période de fièvre bushienne ?

De là à s’extasier sur cette escale, il y a un pas, car les pompons et autres casquettes fringantes se seront faits rares dans les rues de la ville qui s’apprêtait, sous le beau soleil de juin, aux déambulations de matafs ébaubis ; bateaux au large de Galantry, du plus gros – normal – au plus petit, à portée de jumelles, navettes limitées au strict minimum diplomatique le temps d’un dépôt de gerbes, l’événement méritera-t-il l’entrée dans les éphémérides ?

A-t-on voulu éviter une escale d’un des accompagnateurs au quai en eau profonde, histoire de faire l’économie des lazzi de nos visiteurs ou d’éviter que les restes de notre vocation maritime ne sombrent sous le bossoir d’une de nos fiertés flottantes ? La question ne sera pas posée. (Ah bon, je la pose ? Je ne m’en étais pas rendu compte)

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Les curieux étaient nombreux, sur terre, sur mer et même dans les airs ; les rues de la ville vaquaient quant à elles à leur espoir de développement touristique.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
15 juin 2005