Chronique du 28 juillet 2005

« Faut-il pleurer / Faut-il en rire », aura chanté Jean Ferrat.

Voilà que la justice a tranché : le code local des douanes de Saint-Pierre et Miquelon est inapplicable. Bref, sous réserve d’un appel possible, chacun peut importer ce qu’il veut sans payer de taxe, en toute légalité, et, cerise sur le gâteau, réclamer l’indûment perçu depuis trois ans !

« Fait-elle envie ou bien pitié » de s’interroger le poète. « Elle », notre Collectivité, pardi, pour qui est friand de relecture, de recomposition décomposée. Car tout le système était de notoriété publique – comme la fonction – bancal.

« Je n’ai pas le cœur à le dire », aurais-je envie de paraphraser l’artiste. Car à ce rythme, le ridicule ne risque-t-il pas de nous avoir la peau ?

Allez, me diras-tu, on réécrira Prévert.
« Et les douaniers du désespoir / Peuvent bien éventrer mes bagages / Me palper et me questionner / J’ai jamais rien à déclarer » aura écrit ce dernier. « J’ai toujours quelque chose à déclarer » pourra-t-on se permettre de claironner gratuitement.

« Vous savez bien que l’on a toujours quelque chose à déclarer quand on revient de ces pays d’outre-mer », ironisait Blaise Cendrars dans « Bourlinguer ». Mais dans l’autre sens…

Ça ne manque pas de sel, comme on aurait dit du temps de la gabelle.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
28 juillet 2005