Chronique du 12 septembre 2005

Il faut des couilles, que diable ! s’est exclamé un pote qu’était pas un gland. Si les dames peuvent en avoir, cela ne me choque pas, au sens figuré, sans figuration, naturliche, ai-je convenu. Pas question de se contenter toutefois d’un état d’ « observateur », contemplateur d’une destinée qui se forge au fil des coups de pied au derche que l’on reçoit de plus en plus nombreux à Saint-Pierre et Miquelon en ce début de XXIe siècle. Le pays – eh oui ! ces îles sont un pays ! – a besoin d’espoir, de porteurs d’avenir avec la pêche, « pêchus » jusqu’au trou de balle, vecteurs d’un sens collectif retrouvé.

On ne trouve rien qui puisse vous enthousiasmer dans les larmoyances (tiens, j’en profite pour sortir un néologisme de ma besace) de ces dernières années, dans ces déchirements à engraisser les avocats de tout poil, dans ces mises à mort fratricides à vous faire gerber. Un Archipel doté d’un « statut » toujours à la même place comme le nôtre devrait porter ses couleurs avec davantage de fierté. Où sont les pôles d’activités ? Oui, oui, admettons-le, il en est, clairsemés, dans la pêche, le bâtiment, le tourisme, la culture. Mais combien de frustrations, de projets étouffés dans l’œuf ! Que peut la bonne volonté sur la terre aux renards argentés ? Les forces vives ne sont-elles pas en voie d’extinction ?

Cap sur l’avenir collectif donc. Peut’êt ben qu’c’est gauche, mais c’est politique.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
11 septembre 2005