Chronique du 16 septembre 2005

Prestation hors des sentiers battus de François Baroin sur le plateau du Vingt heures de RFO, ce jeudi 15 septembre 2005, au terme d’une première journée où le représentant de l’Etat se sera coltiné l’addition des difficultés léguées par… celle qui l’aura précédé.

Car à l’entendre reconnaître les dossiers en rade, en insistant sur les sources d’espoir, n’était-ce pas mettre le doigt sur la politique – somme toute mauvaise si l’on juge les résultats -, mise en œuvre par Brigitte Girardin ? Comment ne pas sourire tristement des déblocages tardifs de crédits pour régler des comptes dans le BTP – bref des ardoises qu’aucune entreprise privée ou aucun particulier ne pourrait se permettre – pendant que les règlements de comptes dans des salons feutrés mettait l’Archipel dans l’impasse ?

Autre approche certes. N’était-ce pas une première pour un ministre de se voir applaudir par des manifestants venus lui clamer leurs angoisses et l’espoir nécessaire, une situation que seul l’Outre-Mer peut produire sur le chemin de l’inattendu ?

Dans ses réponses, François Baroin aura donné l’impression d’éviter la langue de bois, même si l’annonce de la venue de missionnaires pour des mises à plat diverses ne peut qu’entretenir le doute collectif, vu l’approche étroite, parisienne et technocratique à laquelle l’Archipel aura été tant de fois confronté. Certes des experts sont toujours nécessaires, mais le rôle du politique est déterminant ; c’est lui qui doit savoir donner l’impulsion et corriger, quand besoin est, l’étroitesse d’analyses des porteurs cravatés de grandes certitudes.

L’Archipel de Saint-Pierre et Miquelon porte sa part de France. Mais il est vrai que l’effondrement de la pêche l’a mis dans une situation d’asservissement insupportable, comme le soulignait le président du Conseil général.

Reconnaissons toutefois que la langue de bois ne semblait pas de mise. Mais comment ne pas penser à tous ces serfs d’antan qui, au pied du château, ne pouvaient qu’applaudir à la sortie du seigneur ?

Mais tiens, moi aussi, je vais céder à la tentation de l’espoir, histoire d’en mettre à gauche, pour l’avenir.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
16 septembre 2005