Chronique du 12 novembre 2005 (2)

Réflexion

Ne sommes-nous pas, à Saint-Pierre et Miquelon, enferrés dans la tendance des nouveaux temps modernes de « la vision parcellaire de l’événement » ?

Difficile, il est vrai, de se faire une opinion sur la situation actuelle de l’Archipel, tant la présentation qui nous en est faite rebondit d’un immédiat à l’autre, sans que nous disposions des données suffisantes à l’analyse.

Il en est ainsi du dossier de la desserte maritime. Nous atteignons un pic fort dans ce qui est ressenti suite à la cascade des nouvelles au quotidien alors que les conclusions de l’expertise ne sont pas connues. Il suffit d’un scoop pour perturber encore plus la marche vers l’analyse raisonnée.

Il en résulte le fatalisme pour le plus grand nombre, cette fausse résignation que l’on retrouve dans les contextes où les populations sont dépassées par des enjeux dont elles font systématiquement les frais, le ras-le-bol le plus souvent étouffé, le « wait and see » de beaucoup, la colère sourde qui peut trouver des chemins de traverse pour s’exprimer, le sentiment largement partagé d’un énorme gâchis.

Car nous n’arrivons pas à relancer la machine dans un bateau en prise à de multiples soubresauts. La perte des valeurs risque fort d’être irrémédiable.

Quelles seront demain les sources d’une fierté renouvelée ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
12 novembre 2005