Chronique du 17 novembre 2005 (3)

Ils se sont donc réveillés un 15 novembre 2005, tout surpris qu’on les interpelle.

« Ils », ces politiques qui s’attendraient peut-être, en guise de préalable, à ce qu’on daigne d’abord gravir les marches de l’imploration.

« Ils », qui n’auront pas mesuré la dégradation de la situation et l’inquiétude de plus en plus évidente chez « les laissés au solde de leurs comptes », ces consommateurs au quotidien, éberlués face à des étals de plus en plus vides.

« Ils », seigneurs de la Certitude, trop souvent, pendant que chacun s’effare devant les ardoises de plus en plus élevées quand vient le décompte du panier.

« Ils » qui auront laissé les victimes du blocus d’une desserte mal conçue sous les seuls auspices d’un fonctionnement administratif ordinaire quand l’urgence gronde et que le politique doit assumer pleinement son rôle.

« Ils » qui s’enferrent trop souvent dans une politique par délégation égotiste sans tenir compte de la nécessaire participation de ceux dont ils sollicitent les suffrages.

« Ils » dont c’est le rôle d’avoir du nez et les parties sous-jacentes.

« Ils » dont nous avons toutefois besoin dans toute société où la répartition des tâches est nécessaire.

« Ils » qui peuvent recueillir le respect, à condition d’en être dignes.

« Ils » qui savent parfois être à la hauteur…

A condition de ne pas oublier le terrain des réalités ordinaires.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
17 novembre 2005