Chronique du 5 novembre 2005

Deux experts du ministère des Finances arrivent dimanche pour examiner la situation de la société Alliance qui a annoncé que l’Askania effectuait son dernier voyage. Un bis repetita – en plus grave – de l’arrêt, perçu comme momentané, de la liaison maritime avec Halifax, dans le contexte de la visite du ministre de l’Outre-Mer.

Constatons qu’il faut décidément qu’on soit les pieds dans la merde pour que les problèmes soient pris au sérieux.

Le désenclavement est sans doute le sujet qui aura accaparé l’attention de tous ceux qui se sont occupés depuis des lustres des affaires publiques dans l’Archipel. La population en aura été souvent pour ses frais, tant le mot recoupe de perpétuelles frustrations ou insatisfactions.

Peut-on concevoir un système de desserte maritime viable qui ne repose que sur l’importation pour la consommation interne ? De grands chantiers apportent des bouffées d’oxygène ; le fait qu’ils ne soient relayés par aucun autre d’importance, est facteur de déclin immédiat. Comment mettre une compensation du fret pour éviter les dérapages du coût de la vie ? Comment obtenir et stabiliser sur la durée l’engagement de l’Etat en-dehors de comportements paternalistes fréquents dans le rapport à l’Outre-Mer ? Tiens, rien que d’y penser, me rajeunit de 22 ans…

Une évidence s’impose ; elle est paradoxale ; ce n’est pas en menant tout le monde en bateau qu’on y arrivera.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
4 novembre 2005