Chronique du 9 novembre 2005

Comment mettre le cap sur l’avenir alors qu’il n’y a plus de bateau ? L’Archipel aujourd’hui n’est-il pas déboussolé ?

L’inquiétude grandit en ce 8 novembre 2005. Car à part les légumes qui viennent sur nos îles à la queue leu leu, les salades qu’on nous vend, le champignon sur lequel on appuie, le fromage qu’on nous fait tous les jours, la fraise que certains courageux ramènent, le yaourt dans lequel on pédale, la citrouille de ceux qui se masturbent le bulbe, le berlingot de la ménagère, la banane des soirs d’excitation, la brioche que l’on met au chaud, les patates au fond du filet, le panier de crabes pour lequel on pince, la prune de l’huile de chauffage, les derniers radis, les choux dans lesquels on se trouve, les œufs sur lesquels crapahutent les responsables de la Collectivité, il sera de plus en plus difficile de dénicher des produits frais.

Les carottes sont cuites, pourra-t-on soupirer ; une prouesse compte tenu du défaut d’approvisionnement.

La fin des haricots en tout cas. Que chacun dans l’immédiat essaye de mener sa barque sans rester en rade, en évitant le gros bide, ce qui ne peut être que bénéfique.

Et, comme on dit chez les vieux sans ressources, place au jeûne.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
8 novembre 2005