Dieudonné, “Mes excuses”

Pour oublier un peu tout ce qui ne va pas dans l’assaut perturbant de l’actualité, je me suis réfugié…, oh pas si loin -, devant ma télé, un DVD dans le lecteur. Difficile cependant de me détacher complètement sans doute, impossible de partir en tout cas à la dérive de l’insouciance…

Et j’ai ri, bousculé à mon tour comme le public du festival « Juste pour rire » qui s’était déplacé à Montréal en 2004 pour « Mes excuses » de Dieudonné. Je te le dis sans autre forme de procès – il y en a assez comme ça, non ? -, procure-toi ce DVD qui te permettra d’échapper par la force du spectacle proposé à la manipulation médiatique qui a cherché à diaboliser l’humoriste.

« Loin de la diabolisation médiatique dont il est victime, le spectacle « Mes excuses » est avant tout le pamphlet social d’un artiste libre, qui essaie d’introduire du rire et de l’autodérision sur tous les sujets sensibles » peut-on lire sur la pochette.

Avec maestria, ajouté-je. Car il s’agit d’un regard décapant sur les clivages de nos sociétés actuelles, les folies renouvelées de l’humanité, d’un coup de pied dans la fourmilière des communautarismes étouffants, mais aussi d’un cri contre la manipulation des puissants, des dominateurs, des sans scrupules qui cherchent à étouffer la liberté, dont celle de la parole.

Dieudonné est en pleine maîtrise de son art ; il captive l’attention et se fait acclamer par un public cosmopolite, enchanté, heureux de voir qu’un artiste peut encore oser de nos jours, surtout quand ça dérange, parce qu’il met le mot là où c’est sensible. Certes il est facile de rappeler que notre pays est celui des droits de l’Homme. Mais le racisme n’est-il pas omniprésent, dans la marginalisation sociale de ceux qui viennent d’ailleurs ? Ne sommes-nous pas prisonniers d’une monstrueuse hypocrisie ?

Nous sommes en tout cas dans un spectacle où le rire l’emporte, où l’on comprend mieux le fil conducteur de l’humoriste. Un plaidoyer à sa manière pour plus d’humanité.

A l’heure où ça chauffe dans les banlieues, on se dit que la « bien-pensance » ferait mieux de se remettre en question plutôt que de jouer à la vierge effarouchée.

Henri Lafitte, 5 novembre 2005

Dieudonné, « Mes excuses », DVD. – 2005

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