Jamait, “A nos amours, à nos amis…”

On ne va tout de même pas se laisser gagner par la morosité. Même à la fleur de l’âge, si d’aventure tel est ton (mon) cas. Jamais ! « La fleur de l’âge », n’est-ce pas le titre tonique de la première chanson de Jamait ? tu t’y perds ? Je t’explique.

Jamait, de verre en vers, est un artiste. Pourquoi de verre en vers ? Parce que « De verre en vers » c’est le titre de son album. « Ne me dites pas qu’à peine éclose / La fleur de l’âge se flétrit / Je vis avec de genre de rose ». Ah ça oui, je te le dis.

Adieu à jamais, pourrais-je te dire. Pourquoi « adieu à jamais » ? Parce que c’est le titre du deuxième titre, tout aussi enlevé que le premier. Car c’est de musique qu’il s’agit. Bon, j’ai eu peur, à l’ouverture, d’être baigné dans le seul style manouche. Les modes me gonflent, tu le sais peut-être. Mais non, ouf, dès la deuxième chanson, j’ai été rassuré, conquis – tu sais, comme les citadelles que personne d’ailleurs ne songerait à vouloir prendre, mais qu’importe. « J’ai bien failli perdre la tête et la raison (tu en es témoin, ndlr) / Finalement, j’ai perdu ma casquette / Et elle s’est envolée avec mes illusions ». Bon, à Saint-Pierre, c’était sans doute un béret basque, mais pour les illusions, c’est kif kif.

Alors je me suis retrouvé au bar de l’univers. Pourquoi le « bar de l’univers » ? T’as compris ? D’ac, j’économise. « De verre en verre, au bar / De l’univers, je pars / De bière en bière, j’ai plus / Les pieds sur terre ». Et la ligue anti-alcool… Hic…

C’est pas la peine d’essayer de comprendre. Pourquoi « c’est pas la peine » ? Parce que… Excuse-moi, c’est à cause du bar de l’univers, ou du Café du Nord, je ne sais plus. « C’est pas la peine d’aller fourrer dans son ego des idées noires ». Ça c’est vrai, même le dimanche. Pourquoi « le dimanche » ? Parce que…

« Y’en a qui… » Right, man, c’est le titre de la sixième chanson. L’enchaînement est rapide car avec Jamait tu ne t’ennuies… pas. L’artiste a du punch, le sens de la dynamique musicale. C’est un grand qui s’est construit sur le chemin de la mouise. « Y en a qui seront jamais dans la merde / Y en a qu’auront jamais de problème / Et ce sont souvent ceux-là même / Qui nous dirigent ou qui nous gouvernent ». Oui, tu as raison, c’est l’heure de se réveiller ou d’aller se coucher, c’est selon. « C’est l’heure », comme chante Jamait. « C’est l’heure où tous les rêves vont être assassinés / Par l’aiguille acérée de l’exactitude ».

Reste, je t’en prie, tu ne seras pas déçu. « Reste », comme le dit si bien la chanson, la huitième, si tu as bien compté. « Et je n’ai plus peur de la mort / Et je n’ai plus peur de vieillir ». Tu vois que la présence de l’autre est capitale dans la vie. Et je bois, à ta santé, c’est peut-être pas ce que je fais de mieux, pas pour ta santé, mais pour la mienne, pardi. « Je divague, je me ratatine / Je vois mon avenir en vin ».

Allez, je sens que tu te casses. « Dis, quand reviendras-tu ? » Jamais ? T’es dur, dis donc. Sans façon, me répondras-tu. « Sans façon », comme dans la chanson.

« Ok, tu t’en vas ».

Mais c’était le dernier titre.

P.S. (exceptionnellement avant signature) : peut-être que t’es parti acheter le CD, auquel cas, t’auras bien eu raison de m’interrompre, parce que le CD de Jamait, c’est toujours bon, même à la énième écoute…

Henri Lafitte, Chroniques musicales
28 novembre 2005

Jamait, « A nos amours, à nos amis… » 2005

Jamait_Mathurin.jpg

En savoir plus