Chronique du 21 décembre 2005

Tiens, je me suis dit comme ça – ça m’arrive de me parler -, nos îles sont belles, les gens qui y habitent sont sympas, le goût du travail et celui de l’effort ne sont pas oubliés, tout devrait aller pour le mieux sur le meilleur des Cailloux et pourtant…

Et pourtant, ça ne marche pas.

Du moins, pas comme ça devrait…

Pourquoi ? (me suis-je alors demandé. Interrogation existentielle dont on peut, en cette période de fêtes, se contrefoutre à la première huître)

Eh bien, vois-tu, je ne vais même pas essayer d’y aller de ma gamberge. Je me contenterai de laisser cette question en l’air, avec son inflexion interrogative.

Ce « pourquoi » d’aujourd’hui n’est-il pas nécessaire pour le « pour quoi » de demain ? 2006, tu le sais bien, est une année élective. Se déplacer aux urnes ? Pourquoi ? Pour quoi ? De quoi en rester coi, tu l’admettras.

Aussi, histoire de ne pas te priver d’optimisme bien pansé – n’oublie pas le foie gras -, me contenterai-je de te souhaiter de bonnes fêtes. Pourquoi ? me demanderas-tu ?

Parce qu’un chroniqueur sans lecteur est comme une boule de Noël sans arbre, un petit Jésus sans crèche, un sans-abri sans toi, un Français sans Paris, un casse-noisettes sans noisettes (le pauvre !), un CRS sans Sarkozy, un gendarme sans couvre-chef, un couvre-chef sans tête, un jean-nu-tête sans foufounette, un tire-bouchon américain sans chaise, un Jésus (eh oui, un deuxième Jésus) sans culotte, un valseur sans valseuses, un hurluberlu solitaire, un poète, un inconsolé érémitique…

Ce Joyeux Noël s’adresse donc à toi, ô lecteur…

Parce qu’incorrigible je me dis, en ta compagnie, qu’un jour, sur nos îles, ça va mieux marcher…

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
20 décembre 2005