Chronique du 20 janvier 2006

Quelque part, n’y avait-il pas malgré lui, dans les questions de notre journaliste de plateau posées au représentant du groupe Regnault, spécialisé dans le conditionnement des produits alimentaires, le jugement populaire : « Faut peut-être pas nous prendre que pour des Cons ! » ? Certes, les deux protagonistes de l’interview n’y pouvaient mais. Excellentes questions de l’autre, réponses sages et mesurées de l’autre, venu à l’invitation de la SODEPAR explorer les possibilités du marché des produits de la mer.

Mais chacun l’aura compris. Par-delà les bonnes intentions, louables, ajoutons-le, il y a la dure réalité d’un point de production trop excentré et qui ne pourra compenser son handicap que par des décisions prises à un niveau supérieur, porté par le souffle du courage et de la volonté d’en découdre avec l’adversité tout en donnant les moyens à une population ultramarine de pouvoir s’assumer dignement, qui aura toujours fait chou blanc.

« Il faut que le cadre soit défini dans les 3 ou 4 mois qui suivent la prise de contact ». de préciser le professionnel. On le comprend. Mais comment ne pas rappeler que ces données ne sont pas nouvelles et que l’on fait comme si elles n’existaient pas le temps d’une prise de contact, pour faire semblant de les redécouvrir comme il se doit d’une manière récurrente, histoire de s’orienter vers d’autres rendez-vous toujours aussi aléatoires.

Avec à la clef une désespérance propre à envahir les plus déterminés.

Mais la fibre de celui qui lutte pour sa survie ne vibre pas avec celle des manipulateurs de l’Histoire, que ce soit en conscience ou malgré eux. Il continue de se battre puisqu’il n’a pas le choix. Il peut rencontrer sur sa route une écoute attentive.

Mais, car il y a si souvent un mais, n’est-ce pas, la coquille bâille, la morue tire la langue et l’espoir fait la carpette.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
19 janvier 2006