Chronique du 28 février 2006

Pas question aujourd’hui de mettre bas les masques à Saint-Pierre en ce jour de mardi-gras. Faut-il comme aux temps rabelaisiens cette culture d’un monde parallèle pour retrouver un espace de liberté perdu dans un monde trop technocratisé ? Quoi qu’il en soit, la fête prévaut et l’initiative de quelques jeunes de l’Association « La Réserve » de relancer le défilé du carnaval sous la houlette d’un Bulot désormais mythifié dans notre vécu insulaire aura été entendue au-delà de ce qui était espéré.

Belle occasion de se retrouver en famille autour de 14 chars. Nombreuses sont les associations qui auront répondu pour apporter leur contribution et tout est réuni pour que l’ambiance soit joyeuse. Apéritif dansant à la salle des Fêtes, puis bal costumé… Bel effort pour redynamiser une tradition qui s’essoufflait faute d’implication collective mais qui paradoxalement était ressentie comme un manque. A noter cependant que l’événement s’insère dans un fonctionnement quotidien quasi ordinaire, la journée n’étant pas fériée. Quelques administrations vaqueront toutefois, ainsi que les banques, les commerces restant, eux, ouverts. Pour les écoles, pas de problème particulier puisque mardi-Gras tombe pendant les vacances d’hiver.

Mais là n’est-elle pas l’essence même du Carnaval transposé sur des rochers pétris de froidure, les températures plus basses prévalant d’ailleurs sur les îles depuis quelques jours ? Ne faut-il pas se secouer pour sortir de notre engourdissement, mettre bas les masques en s’extirpant de la théâtralité ordinaire ?

Bas les masques ? Coucou les masques ! On s’y perdrait presque. Mais notre histoire n’est-elle pas nourrie de complexité ?

Et puis nous retrouver par instinct grégaire autour d’un Bulot géant, n’y a-t-il pas là un rassemblement à haute valeur symbolique exorcisante (pourquoi pas cet adjectif ?) ajoutée ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
28 février 2006

P.S. Au terme de la journée, 17 chars, un très grand succès populaire. Bravo.