Chronique du 22 mars 2006 (2)

Alors que la France s’enfonce dans la crise sur fond d’incurie gouvernementale en matière d’emploi, j’ai eu la visite d’une femme de Saint-Pierre qui se bat pour… trouver l’emploi, pardi ! Mais que peut-on quand on est femme, sans emploi, par-delà les beaux discours sur la parité, invitée à aller voir ailleurs si on peut se mettre quelque chose sous la dent ?

Cher lecteur, j’ai accepté de publier cette lettre que tu trouveras signée par l’intéressée à qui je souhaite bon courage.

« Le 10 octobre 2005 démarrait une formation « Mobilisation Femmes » à l’AFC. Une douzaine de femmes a participé à ce stage durant 3 mois et demi. La formation s’est terminée le 27 janvier 2006 ; jusque-là tout était normal. Mais si je vous parle de ce stage aujourd’hui 21 mars 2006 c’est que plusieurs de ces stagiaires n’ont pas encore touché un sou de leur mois de janvier 2006, c’est-à-dire 27 jours de stage. Elles se trouvent être rémunérées par l’Etat et celui-ci n’ayant pas reçu les crédits n’a pas pu payer les stagiaires. A l’heure d’aujourd’hui apparemment les crédits seraient là mais il y a eu de petits soucis informatiques. C’est ce que l’on m’a dit par téléphone lundi 20 mars 2006.

Moi, Marie-Christine Apestéguy, je faisais partie de ces stagiaires. Je n’ai pas manqué une seule journée de stage et aujourd’hui je rencontre bien d’autres soucis que « de petits soucis informatiques », car étant aux ASS (Allocation Spécifique de fin de droit aux ASSEDIC) depuis août 2005, je ne percevais que 14 euros / jour, soit 420 euros ou 434 euros par mois et j’avais droit à un soutien alimentaire de 153 euros du CASS de la mairie et ma mutuelle était prise en charge également. Quand je suis entrée en stage, la Mairie a tout coupé, ce qui fait qu’en février 2006 ayant retrouvé mes droits aux ASS à 14,25 euros / jour (petite augmentation de 0,25 euro / jour) j’ai perçu 57 euros pour les quatre jours restants de janvier et la Mairie m’a accordé une aide exceptionnelle de 92 euros ; en mars 2006, j’ai touché 28 jours d’ASS, soit 399 euros et un secours alimentaire de 153 euros. Ça veut dire que depuis décembre où nous avons été payées de notre stage, je n’ai eu pour vivre que : 57 euros d’ASS + 92 euros de secours alimentaire + 399 euros d’ASS + 153 euros de secours alimentaire, soit un total de 701 euros pour presque 3 mois, soit environ 234 euros par mois.

A l’heure d’aujourd’hui, même si je vis dans un logement social, je ne vois pas comment je pourrais payer mon loyer qui est d’environ 200 euros / mois.

Je n’ai pas pu payer janvier et février et ne pourrai peut-être pas payer mars et d’autres factures qui restent à la traîne.

Je tenais à mettre ça au grand jour car je ne suis pas la seule dans cette galère, certaines de mes camarades de stage sont dans la même situation que moi et je trouve inadmissible que l’Etat puisse laisser des demandeurs d’emploi ayant participé à un stage, sans un sou depuis 2 mois. Logiquement l’argent devrait être sur nos comptes jeudi 23 ou vendredi 24, mais… !

Ma conclusion sera celle-ci : « Mesdames, si vous voulez être élégantes pour le printemps, allez faire un stage durant à l’hiver ! »

Texte remis à mathurin.com pour publication par madame Marie-Christine Apestéguy

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
21 mars 2006