Chronique du 17 juin 2006

Une page d’histoire insulaire se tourne souvent dans l’inaperçu. Ainsi en irait-il – mais le chroniqueur veille – de la fermeture définitive du commerce Lucienne Lebailly, en ce 17 juin 2006 après cinquante ans d’activité.

1956, Paul Lebailly, mécanicien de marine, dont une rue de Saint-Pierre porte depuis son nom, en hommage à sa vie politique au service de la communauté – il aura été président du Conseil général -, se lance dans l’aventure du commerce. À ses côtés, sa femme, Lucienne, qui reprendra le flambeau à la mort de son mari en décembre 1968.

Madame Lebailly, décédée le 27 septembre 2005, fait donc partie de ces femmes qui auront tenu les rênes d’une entreprise, familiale certes, mais diversifiée. Manurhin, Normende, Columbia Electric, Val d’Or, Motobécane, Peugeot, Phildar, Adidas, noms de marques prestigieuses pour des produits très divers allant de l’histoire de l’électronique grand public à la laine en passant par le vélo, le cyclomoteur, l’outillage, les landaus et le vêtement sportif. Toujours prête aux descentes et remontées d’escalier rythmées par la sonnerie de la porte de son échoppe, Lucienne Lebailly aura toujours voulu être au service attentif de ses clients jusqu’à son dernier souffle à l’âge de 85 ans.

Quelques mois après sa disparition, son commerce aura lui aussi tiré sa dernière révérence.

Ainsi prend fin un beau parcours humain. Occasion de constater que l’Histoire de l’Archipel n’aura pas été écrite que par des hommes. « Le futur est femme », chante Renée Claude, même si dans la nostalgie, il se conjugue aussi au passé.

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Henri Lafitte, Chroniques insulaires
17 juin 2006