Chronique du 28 septembre 2006 (2)

Un jour, t’en souvient-il, fut construit à Miquelon un bâtiment à destination des personnes âgées. Coût de l’opération : 4 millions d’euros ! Un an après sa réception, le bâtiment est toujours vide ! C’est qu’on n’avait pas prévu le fonctionnement, pardi, ni même vérifié si les besoins justifiaient une telle construction. Aujourd’hui il faut se torturer le bulbe rachidien – juste au-dessous de la boîte à neurones – pour calfater les stigmates du ridicule.

Ô vaisseau amiral du troisième âge laissé en déshérence ! Ô bateau à aubes crépusculaire ! Ô misère (façon de parler) de l’inconséquence politique des initiateurs d’alors ! pourra s’exclamer l’incomprenant (à distinguer de l’incompris)

Aussi – oh si ! -, histoire d’éviter que cette bannière en forme de croix ne finisse entre les mains de quelque repreneur pour l’euro symbolique, transformons vite cet édifice en pôle culturel et touristique pour Miquelon avec hall d’exposition et d’événements, chambres pour visiteurs saint-pierrais ou étrangers, scolaires de passage, cuisine collective à la clef, buvette en fonction des besoins, lieu de rencontre défiant les aléas du temps avec une personne rémunérée pour mettre le tout en musique à l’aide des fonds recueillis, le nettoyage étant assuré par l’ouverture des portes à chaque bout. Le premier thème pourrait être consacré à l’étanchéité de l’habitat collectif sur fonds publics dans un pays humide et venteux, ce qui ne manquerait pas de susciter l’intérêt au-delà de nos eaux territoriales abondées de l’extension éventuelle du plateau continental.

L’autre perspective étant de tout laisser en l’état dans l’attente que tout ne se dégrade et s’écroule, histoire de faire table rase d’un passé parfois peu glorieux.

Et les vieux, me diras-tu ? Les vieux ne rêvent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux – salut Jacques -, eh bien, développons l’aide à domicile, le bâtiment en rade ci-dessus évoqué n’étant de toute manière pas adapté aux solutions médicalisées, et mettons en place une prise totale du chauffage pour un revenu égal au minimum des « Vieux travailleurs » avec une proportionnalité dégressive jusqu’à un plafond jugé décent pour vivre sur nos îles où la vie n’est jamais moins chère, quoi qu’on en dise…

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
27 septembre 2006