Christophe Deloire, Christophe Dubois, “Sexus Politicus”

A la 388e page de Sexus Politicus, l’ouvrage de Christophe Deloire et Christophe Dubois, je suis resté dubitatif. Quelle leçon tirer de tous ces « coups » (sexuels) tordus (pas tous) révélés au fil d’un relevé exhaustif avec la politique en fond de scène et les acteurs de ce grand jeu de la séduction au sein (tant convoité) de notre République représentative ?

D’abord – première approche simplissime – que la femme est tantôt manipulée tantôt manipulatrice mais, en fin de compte, au service des hommes de pouvoir tout au plus livrés à leurs faiblesses vécues comme nécessaires. Femme à peine victime, profitant du pouvoir ? Sans doute serait-ce trop facilement réducteur. Car ce qui frappe au fond c’est précisément un Pouvoir phagocyté par les hommes, loups très souvent prêts à mordre dès que l’on cherche à empiéter sur leur terre carnassière.

Aussi est-on pris d’un vertige dans l’oscillation entre les sujets qui touchent la vie des Français, mis en exergue en permanence, surtout à l’occasion des grands rendez-vous électoraux et la vie humaine dans sa complexité charnelle, sensuelle, nourrie de désirs ou de frustrations qui touchent les anonymes et les plus grands. Comment ne pas s’interroger alors à l’essence même du pouvoir ? « On commence à faire de la politique pour avoir le pouvoir et puis, quand on a le pouvoir, on joue à faire de la politique » dit Fouché dans Le Souper d’Edouard Molinaro, un film de 1992, Y compris dans ses excès phalliques ?

On peut se satisfaire que la France ait une approche plus réaliste, plus pragmatique, que dans d’autres pays, à commencer par les Etats-Unis. Mais comment expliquer que dans un pays de liberté il faille mettre en œuvre tant de faux-fuyants, source de dérives dangereuses, à commencer par le prix des frasques princières portées par les contribuables ? Que l’on ait une vie sexuelle quelle que soit sa tâche – hors Eglise catholique attachée au célibat de ses porte-bannières – quoi de plus simple à accepter ? Qu’un président de la République ait une maîtresse, une présidente un concubin, peu nous chaut. (aux fesses) Que l’on découvre par contre de multiples connexions d’intrigues souvent dévastatrices peut en souffler plus d’un.

L’important n’est-il pas cependant que – quels que soient les culs – il n’y ait pas de fonds publics secrets utilisés par-dessus la jambe ? Si, en prime on peut se diriger vers l’apprentissage du respect…

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
24 octobre 2006

Christophe Deloire et Christophe Dubois, Sexus Politicus, Albin Michel 2006

 ISBN : 2-226-17255-6

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