Chronique du 3 octobre 2006 (2)

Lors d’une intervention télévisée à propos des modifications prévues au statut de l’archipel, au cours de laquelle un point de vue différent fort intéressant et qui manquait au tour de table organisé récemment sur le plateau de RFO, où manquaient singulièrement quelques convives clefs, monsieur Jean de Lizarraga, de Miquelon, a souligné en conclusion la disparition progressive de l’identité miquelonnaise.

Occasion, n’est-ce pas ? de s’interroger sur la notion même d’identité.

Ne s’agirait-il que d’un magot dont nous aurions hérité, dans lequel nous puiserions, avec le risque évident d’épuisement ?

C’est qu’il serait illusoire de s’appuyer sur une conception figée et réductrice d’une telle notion, comme de sur tout concept forgé par l’activité humaine. Oui, des pans entiers de l’identité d’un moment s’effritent, s’effacent, se fondent dans de nouvelles émergences ou leur laissent tout simplement la place et ce, inéluctablement. Nourris d’une histoire en fonction des lectures que nous pouvons avoir, des récits glanés au fil des rencontres, du vécu sur le terrain, nous portons notre part, qui se modifie sur la durée. Chaque décès est une perte, chaque naissance une nouvelle écriture.

Nos îles ont entre quatre et cinq siècles de parcours différencié. L’identité d’aujourd’hui est dans une phase de mutation profonde, du fait de ce qui se passe à l’échelle de la planète, des effets de la technique, de la mondialisation, des efforts désespérés, ici comme ailleurs, pour se reconnaître dans quelques repères.

Là est le défi. Il est en soi exaltant car il s’inscrit dans le renouvellement de… la vie.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
3 octobre 2006