Chronique du 3 décembre 2006 (2)

Vive la culture ! Ce n’est pas tous les jours dimanche. Et tous les dimanches ne sont pas obligatoirement sous le signe de la culture aux visages divers. Ce 3 décembre 2006 aura vu la sortie d’un annuaire des artistes, financé par l’Etat, à l’occasion d’une exposition sur la création locale au Musée de l’Arche. Coup de chapeau à ceux qui auront mené à bien le projet et au financeur motivé et impliqué. La promotion de l’Archipel ne passe donc pas que par des trombines cravatées et c’est tant mieux. Le lancement alliant exposition et animation aura eu lieu au Musée de l’arche. Tout un symbole. Aurait-on voulu sauver les créateurs d’une éventuelle montée des eaux ? « Allô Noé », chante Affaire Dom. Il en aura tellemnt coulé “sous le pont boulot”…

La démarche est encourageante, l’encouragement accompagne l’espoir. La démarche créatrice poursuit son chemin sur les sentiers des roses, des pissenlits, des sapins rabougris, sous le ciel bleu ou dans la mouise.

Tout serait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et de me surprendre à rêver, une fois de plus. Ne suis-je pas « une île au bord d’un rêve » ?

Car nous sommes encore trop éloignés – malgré l’addition des aides réelles accordées à des actions nécessaires et honorables certes, mais disparates -, d’une véritable politique collective de partenariat propre à mettre en place une vraie synergie entre l’engagement créatif, la redynamisation sociale et l’ouverture sur l’extérieur en incluant, bien évidemment, le développement touristique. Qu’en est-il par exemple des structures permettant une véritable animation pendant la saison estivale ? Il suffit de s’être déplacé aux Îles de la Madeleine pour se rendre compte qu’avoir laissé l’ancien hangar à sel tomber en bottes est une abomination de plus. Comment ne pas imaginer, pour Saint-Pierre – je laisse à ceux qui le voudraient le soin d’imaginer le possible pour Miquelon -, une redynamisation de l’ensemble du Barachois, jusqu’à l’ancien aérogare aménagé pour les piétons avec une diversité de points d’accroche, atelier de création artisanale, préservation de l’hôtellerie pour le moins menacée, cale de halage revivifiée – eh oui, l’activité de service aux bateaux fait partie de notre culture – , bar des plaisanciers, agora en plein air devant le Musée de l’Arche, salle de spectacle dans un entrepôt de la prohibition, petit amphithéâtre entre le Centre culturel et le Francoforum, pour congrès et autres événements à dimension mesurée, théâtre d’été dans l’entrepôt susvisé, salon de thé tourné vers la mer du côté de la Pointe, face à l’Île aux Marins, autre lieu essentiel d’une telle vision…

Bien sûr, il s’agirait d’une dynamique ambitieuse à enclencher, dans la patience, la détermination et la durée, au bénéfice d’une population sauvée de sa cité-dortoir et de nos visiteurs.

Pour l’instant, le combat pour la survie identitaire est parcellisé. Tout est bon à prendre, il n’y a rien à jeter, comme dit la chanson. Espérons que ce ne soit pas pour égrener un jour des souvenirs nourris de remords…

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
2 décembre 2006

L’annuaire téléchargeable sur le site de la Préfecture