Chronique du 28 janvier 2007

Il n’y eut donc pas de quoi fouetter un chat noir.

Le moindre frémissement hivernal ne nous donne-t-il pas désormais droit aux interventions des hautes autorités nous incitant à nous méfier… de la neige ? Le tout alimentant l’angoisse en trois dimensions, mur qui risque de céder sur le côté, ciel qui risque de nous tomber sur la tronche, Notre lot quotidien serait-il de subir ? Le principe de précaution ne se transforme-t-il pas en principe d’asservissement aux incertitudes inévitables de la vie ? Protégeons-nous mes frères ! Ayons peur de la gastro, des poux imaginaires dans la tête des autres, du poudrin de choquettes, d’un Goéland qui pète (eh Oui !) ! Ayons la pétoche pour la moindre pétuche ! Grand Frère veille sur nous et veut nous réchauffer le cœur !

Comment résister toutefois à l’appel de l’air qui vous fouette le sang alors qu’on vous invite à rester calfeutré ? Sortez mitaines ! Arborez le nez, bonnets ! Vive la neige et la glisse ! Virevoltez joyeuses pelletées ! Solide sensation de résister face au vent ! Pas question de fléchir ! Au diable la crainte de la goutte au pif !

Certes l’on eût apprécié une vraie tempête, celle qui se joue des annonces et des prévisions. Mais l’on aura survécu à l’ordinaire d’un après-midi d’hiver aussi banal que des palabres éventés autour d’un tapis vert. La météo nous aura fait la nique en ce samedi 27 janvier 2007. Les éléments se déchaînèrent en définitive moins que le Tout-Saint-Pierre.

Mais où sont, nom de nom, les neiges d’antan, celles qui nous enivraient d’un bonheur à nous couper le souffle ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
27 janvier 2007