D’aucuns risquent de se plaindre à partir du 1er février 2007 de l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Pourtant, ne t’en déplaise, ô lecteur encalminé dans la nicotine, médite ces avantages ci-dessous présentés :
Attends-toi désormais à un perpétuel renouveau, balayant ainsi la monotonie du quotidien. « C’est toujours le même tabac ! », t’exclamais-tu jusqu’à cette fin janvier 2007. Ces jours seront bannis demain.
Plus de passage à tabac en cas d’arrestation inopinée. La loi anti-tabac te protègera. Sauf que si par malheur cela puisse t’arriver, en faire du foin t’exposerait à une éventuelle récidive, comme quoi rien n’est simple dans la vie.
Plus de coup de tabac autour des tapis verts ; pas de vagues surtout, ce à quoi finalement outre-mer nous étions quelque peu, tu l’avoueras, préparés.
Place au calme dans toutes les relations publiques, personne ne fumant plus de la moindre contrariété.
La mort se fera plus discrète. Plus de question de casser sa pipe dans un hôpital ou autre lieu de salut public.
Place à la morale dans tous les lieux sous peine de haute réprimande. (Je laisse place à ton imagination fébrile)
Certes, me diras-tu, on ne rira plus beaucoup. Plus question en effet de se fendre la pipe. Mais vu la morosité ambiante sur nos îles, la loi en l’occurrence ne changera rien à l’affaire. Nom d’une pipe !
On constatera enfin que dans le long cheminement contre la peine de mort, dont l’abolition sera enfin inscrite dans la Constitution, l’interdiction de la mise à mort du condamné aura fort heureusement devancé celle de la dernière cigarette qu’on eût été bien en peine de lui offrir sous peine d’une sérieuse prise de tête chez les Saint-Just de l’air dénicotiné.
La loi est votée, n’en parlons plus, il n’y a rien à chiquer.
Et si tu te trouves dans la merde, tant pis si au boulot tu as le cigare à la bouche. Il ne te restera plus qu’à serrer les fesses ; il est interdit de fumer dans les toilettes.
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
31 janvier 2007