Chronique du 4 mars 2007

Déjà le mois de mars 2007. Que sont les vœux du Nouvel An devenus ?

A l’image d’un bateau à quai, l’Atlantic Jet, « débitté » toutefois depuis vendredi 2 grâce à la rallonge de l’Etat, la stagnation envahit le quotidien. L’expectative face aux nouveaux coups possibles du sort l’emporte sur toute dynamique de redéploiement que l’on aimerait voir s’enclencher.

Mais que voulons-nous nous-mêmes ? A force de faire « comme si » face à cette question, ne subissons-nous pas le « comme ça » des rappels à la réalité ?

Aussi me suis-je consacré à l’écoute en ce dimanche matin du « Printemps de Vivaldi » de Trevor Pinnock, un de ces CD qui m’accompagne depuis les premiers balbutiements de cette forme de diffusion musicale à l’aube des années quatre-vingt à Saint-Pierre, un de ces extraits du « combat de l’harmonie et de l’invention » comme le mentionnait le compositeur.

Comment développer l’harmonie de notre vie insulaire dans le respect d’une identité forte et assumée nourrie du passé et réinventer chaque jour qui vient sans rupture, dans un renouvellement nécessaire pour éviter la dilution de nos espoirs dans l’immensité galactique des illusions ?

Baisse de la population originaire des îles, poids du chômage à nouveau confirmé pour ce nouvel hiver, baisse de la fréquentation touristique constatée pour 2006, ampleur des travaux d’infrastructure d’urgence, budgets prisonniers des charges incompressibles, dépendance, assistanat, imprégnation de la fatalité, tentatives don-quichottesques, morosité…, difficile dans ce contexte d’écouter la deuxième saison.

Mais n’avons-nous pas pu, nous aussi, nous extasier hier soir devant une éclipse de lune rougeoyante ? N’était-ce pas là une forme de rappel à la beauté de l’aventure ?

Aussi devons-nous faire preuve de volonté, d’aptitude à l’émerveillement, dans l’oscillation entre la beauté du rêve et les contingences d’un ordinaire souvent désolant, pour retrouver l’Allegro de notre devenir.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
4 mars 2007