Chronique du 18 avril 2007

Etre ou ne pas être ? Peut-on, dans un monde aussi complexe que le nôtre aujourd’hui, dissocier, cette interrogation d’une autre d’actualité, en ce mois d’avril 2007, de voter ou ne pas voter ? La réponse suit immédiatement la première question : être, bien sûr. Peut-on se résigner à refuser la vie ? Participer à la vie démocratique est une façon d’échapper au fatalisme trop gaulois d’un destin céleste qui vous tomberait sur la tronche.

Certes, aucun candidat à l’élection présidentielle n’aura cru devoir nous rendre visite à Saint-Pierre et Miquelon. Le comptage des voix l’aura emporté sur la prise en compte de l’espace maritime. L’esprit boutiquier aura toujours une longueur d’avance sur la réflexion visionnaire. « Les collectivités d’outre-mer donnent à la France le deuxième espace maritime mondial », rappelle-t-on sur le site meretmarine.com. Mais quelle distance entre le concept et la réalité trop triviale d’une politique emberlificotée dans son hexagonie ! « Dès mon élection, aura dit Ségolène Royal, je souhaite d’ailleurs que s’engage une véritable réflexion stratégique, avec les territoires concernés ». Etre écoutés enfin ! Quelle aubaine ! « Il est dommage que l’Outre-mer français n’exploite pas mieux le formidable potentiel qui est le sien », aura commenté Nicolas Sarkozy. Fichtre ! Mais l’Outre-Mer peut-il tirer parti de son potentiel indépendamment du pouvoir central ? « Les pays, territoires et régions d’outre mer donnent à la France une dimension maritime exceptionnelle. Grâce à leurs zones économiques exclusives notre pays dispose du deuxième espace maritime au monde après celui des Etats-Unis », de préciser François Bayrou.

C’est précisément cette dimension qui est en jeu dans le dossier des nouveaux droits à défendre sur le plateau continental partout où la France se trouve, du fait des renégociations internationales. Et notre territoire a une importance qui ne peut être dissociée de l’appartenance à une identité commune. Il est triste de constater que cette prise de conscience est trop souvent le fait des zones périphériques, peu perçue par les tenants d’une perception de l’histoire trop jacobine.

Quel que soit le résultat du deuxième tour de l’élection présidentielle, il nous appartiendra de trouver la force d’être les aiguillons nécessaires pour notre propre sort.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
18 avril 2007

La présidentielle et l’Outre-Mer