Chronique du 28 avril 2007

Deux démissions au Conseil municipal de Miquelon pour protester contre la prise de position du Maire en faveur de Nicolas Sarkozy. Fichtre ! Le jeu convenu des allégeances faciles peut donc être troublé. Evénement dérisoire, diront certains, au regard d’un enjeu qui nous dépasse, tant notre faiblesse numérique est patente dans la confrontation pour l’élection présidentielle. Mais « être ou ne pas être » ne constitue-t-il pas le cœur de toute destinée humaine, essentielle, à l’unité ?

Difficile aujourd’hui de s’assumer pleinement face à des enjeux formatés par les détenteurs du pouvoir, les medias et les instituts de sondages. Ne sommes-nous pas condamnés, sans qu’on y prenne garde, au conformisme de la pensée ? Ordre, réussite, discipline, travail, famille, patrie modèlent nos futurs schémas d’analyse. Haro sur le baudet qui verra la vie sous un angle différent !

La campagne électorale qui s’achève aura progressivement nié la diversité, ferment de la liberté. Imaginons-nous la mise en exergue du droit à la révolte, à la rêverie, à une approche de la vie qui ne soit pas que souci de rentabilité, de la nécessité de la contestation, de la liberté d’expression, du danger des censures indirectes, de la pensée conforme ? Quelle est la durée prévisible de l’aventure humaine basée sur la seule croissance, elle-même dépendante de ressources naturelles limitées ? A quelle société avons-nous abouti, portés par le seul ressort de l’individualisme ?

Y a-t-il d’autres fils conducteurs que le chacun pour soi sous-jacent à l’approche sarkozienne ? Place demain aux plus forts, et advienne que pourra pour les autres. Il faudra « performer » !

Le succès de Nicolas Sarkozy ne s’appuie-t-il pas sur une acceptation trop passive d’évidences trop facilement acceptées comme telles, portées par un discours terriblement efficace ? Et si ce modèle de pensée nous préparait une confrontation beaucoup plus explosive avec tous les laissés pour compte excédés par l’arrogance de la pensée unique ?

Que chacun se situe au mieux de ses convictions, voilà une démarche qui tisse malgré tout le tissu de l’espoir d’un monde meilleur toujours possible…

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
28 avril 2007