Chronique du 12 mai 2007

Au point où nous en sommes, y aura-t-il une vie à Saint-Pierre et Miquelon après Gérard ?

Car si Jésus de Nazareth relève plus des ratiocinations colportées, Gérard, mesdames et messieurs, aura bel et bien existé. Pas un Gérard commun au point de devoir être affublé d’un patronyme, mais Gérard, tout court, celui qui fait remplir les urnes aux uns, gonfler les burnes aux autres, bref, un Gérard « auto-statufié » au point qu’on n’imagine plus un rendez-vous électoral sans sa trombine.

Vingt ans de mandat et voilà que, nécessité oblige –celle de notre survie, comme de bien entendu – il se représente une fois de plus à nos suffrages, au point que nos descendants confrontés aux crises futures se demanderont peut-être comment ils pourront faire sans… Gérard. Ne sommes-nous pas, de part et d’autre de la ligne de choix – entre celui ou celle qui se présente et ceux qui déposent leur bulletin dans la fente de leur conviction intime – confrontés au problème de la… finitude inéluctable ? L’un la refuserait, les autres la redouteraient au point que des réactions inconscientes puissent prévaloir à toute analyse ?

Gérard pour cinq ans encore ? Mais pour quoi faire ? Il lui appartiendra de nous l’expliquer, histoire de dépasser les mimétismes qui au fil des rendez-vous électoraux finissent par nous imprégner.

Mais qu’attendons-nous d’un député, qui puisse être différent de ce que l’on espère de nos Conseillers territoriaux ? La campagne qui s’ouvre nous apportera peut-être quelques éclaircissements pour concevoir le possible du collectif au-delà des réflexes sentimentaux.

« La fidélité, c’est pour les sentiments ; l’efficacité, pour le gouvernement », a déclaré Nicolas Sarkozy le jeudi 10 mai devant les députés UMP. Facile pour lui de le dire, une fois élu, pas très sympa pour ceux qui l’auront soutenu.

Car les appuis électoraux ne sont-ils pas nourris d’une sentimentalité indicible ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
12 mai 2007