Chronique du 16 mai 2007

Je m’amuse de cette propension des politiques de tout bord à parler d’unité au sein d’un parti quand on sait que la façade cache toujours une querelle d’ambitions. Les déclarations d’intention de nombreux représentants de l’UMP, en cette veille de prise de fonction du nouveau président, sont divertissantes. « L’heure est à l’unité », assène Jean-Claude Gaudin au point de provoquer la question : Pourquoi ? Elle ne l’était pas ?

Or, en laissant une direction collégiale se substituer à son irremplaçable unicité, Nicolas Sarkozy se donne les moyens, le moment venu, de jouer les uns contre les autres et d’éviter l’émergence trop rapide de personnalités qui lui feraient de l’ombre.

Côté socialiste, on voit ce qu’est devenu le langage d’unité au soir du deuxième tour. N’avons-nous pas au minimum l’unité d’une trinité centrifuge ? Quant au centre ne pète-t-il pas dans la centrifugeuse du sauve-qui-peut ?

Michèle Alliot-Marie n’aura pas traîné à tenir un discours révélateur : « nul ne me fera jamais renoncer aux ambitions que j’ai toujours eues pour la France ». Quant à Patrick Devedjian – premier « cocufié » conscient de Sarkonaparte ? – la pilule de la mise à l’écart de ceux qui se sont échinés pour le petit Nicolas ne passe pas : « D’accord pour aller très loin dans l’ouverture (…), très loin, y compris jusqu’aux ’sarkozystes’ » aura-t-il eu envie de rappeler.

La dernière journée de présidence chiraquienne aura eu son lot de cocasseries dans le contraste saisissant entre la solennité voulue du dernier adieu du monarque républicain et le retour en force des casseroles qui lui traînent aux basques. Comble d’ironie, c’est à Alain Juppé – le meilleur d’entre eux tous – que sera revenu l’insigne honneur de reprendre le chemin des enquêtes judiciaires.

Pour couronner le tout, le co-président allemand d’EADS se sera fendu, aux dires de l’Express, d’une précision au sujet du versement d’une indemnité de départ de 8,5 millions d’euros à Noël Forgeard, ex patron d’Airbus : « Ce qui est exact, c’est que le gouvernement français nous a d’une certaine manière forcé la main. »

« Restez toujours unis et solidaires », aura martelé Jacques Chirac dans son dernier discours de président. Dans la vigilance, cela semble être une évidence impérieuse…

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
15 mai 2007