Chronique du 17 mai 2007 (2)

Les remontées dans le temps sont souvent nécessaires ; elles participent des vérifications nécessaires. Je me serai donc replongé dans « La guerre des trois » de Serge Raffy, publié chez Fayard en 2006.

Émouvante cette page qui relate le moment où Nicolas Sarkozy apprend à La Baule l’accident vasculaire cérébral de jacques Chirac qu’il rêve de remplacer, mais pas dans n’importe quelle condition, au terme d’un parcours où son triomphe ne laissera place à aucune contestation. « Parce que le scénario provoqué par l’accident vasculaire du « père honni » ne lui convient pas. Il veut vaincre Chirac debout, en pleine possession de ses moyens. Syndrome classique du vrai compétiteur : Nicolas Sarkozy n’a pas envie d’une victoire par défaut. » (p. 23) Comment ne pas retenir l’image de la séparation entre Chirac pour son dernier départ en voiture de l’Elysée et le nouvel hôte qui le salue. Une main qui dépasse seule de la fenêtre d’une voiture, et le gagnant de la grande joute, au paroxysme de sa victoire, dans son applaudissement admiratif. On ne sort grandi que d’un grand combat. Sarkozy l’aura emporté, même sur le destin qui aurait pu tout faire basculer si Chirac ne s’était pas remis de son alerte vasculaire.

Terrible sentence de la politique que ce dernier départ d’un Dominique de Villepin, battu par délégation quand Fillon, le lieutenant, lui rend un dernier hommage savamment dosé sur la reconnaissance d’un « style ». La guerre des trois aura eu lieu, Chirac, Villepin, Sarkozy. Le plus petit, sur le plan physique, l’aura emporté.

Mais par-dessus tout, à l’ère de la politique « people », ce baiser dans l’immédiateté de l’après discours d’intronisation : Nicolas Sarkozy, le Président, dans son bouche à bouche avec Cécilia, « Cecilia for ever ». comme le soulignait Serge Raffy. Sarkozy, grand maître de l’école des fans qui l’ont porté au pinacle. Pour perpétuer le jeu médiatique, sans doute fallait-il y ajouter une pincée supplémentaire en séchant, comme le souligne Le Monde, « une larme absente sur la joue de son épouse »…

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
17 mai 2007

Livre cité : Serge Raffy, La guerre des trois, Fayard, 2006