Chronique du 5 mai 2007 – 19h32

Situation tragiquement ubuesque à Miquelon, une vingtaine de sans-emploi ayant décidé d’occuper la mairie la veille du deuxième tour de scrutin pour libérer les lieux le lendemain de sorte à ne pas tomber sous le coup de dures pénalités, écoutés tout à tour par le maire de la Grande Île (mais n’est-il pas sénateur ?) et le représentant de l’Etat.

D’un côté les laissés pour compte du devenir sempiternellement imaginé, de l’autre les porte-drapeau officiels du système, le tout dans un contexte où le « débrouilles-toi toi-même » risque fort d’être le lot commun des réponses aux oubliés de demain.

Comment ne pas être perplexe quand un représentant de l’UMP, honnêtement tracassé par le sort de ses ouailles, détourne la responsabilité de la solution vers l’Etat alors que la politique annoncée est celle du « moins d’Etat » ? Situation paradoxale, s’il était besoin d’en trouver une, qui prouve que le sort de l’un ne peut s’imaginer sans la destinée commune. Ce long chemin du développement pour une meilleure répartition sociale sera long à tracer, sans doute plus que la route Miquelon – Langlade car il n’est pas celui qui semble prévaloir au niveau national.

Mais l’aventure humaine n’inclut-elle pas un perpétuel combat d’idées ? Quoi qu’il advienne, la volonté de s’assumer est une nécessité. Dans un espace aussi réduit que le nôtre, l’imagination devra transcender les discours faciles des rendez-vous électoraux.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
5 mai 2007