Chronique du 7 mai 2007 (2)

L’Archipel de Saint-Pierre et Miquelon n’en finit pas de souffrir de ses blessures intestines. Au soir d’un rendez-vous électoral marqué par un vote sans équivoque pour la candidate socialiste, député et président du conseil territorial auront voulu botter en touche en faisant endosser les déceptions exprimées par la population par l’ex-président de l’assemblée territoriale, monsieur Marc Plantegenest. Et celui-ci de devoir rappeler que lui aussi avait hérité d’une situation économique difficile, issue de la gestion de ceux qui l’auront ensuite à nouveau remplacé.

Et chacun d’assister comme dans une cour d’école au « C’est pas moi, c’est lui ! »

Pendant ce temps, l’Archipel est à la cape. Ne serait-il pas temps en effet de dépasser ces querelles desséchantes pour s’avouer que le « monsieur » ou « madame » miracle n’existe pas et qu’en effet notre économie ne peut se développer sans une implication réelle de l’Etat ? N’étions-nous pas hier le seul territoire ultra-marin en situation d’équilibre financier ? La disparition de la ressource – résultante des règles d’exploitation des fonds marins à l’aune des profits financiers insuffisamment régulés, d’un monde ultra-libéral, en quelque sorte -, nous aura condamnés aux lignes rouges des évaluations budgétaires. Les équipes des deux bords qui auront eu depuis les rênes de la Collectivité en auront subi les contrecoups.

Que chacun assume ses convictions sans transformer nos îles en terrain de terre battue pour politiques qui se renvoient la balle. Les acteurs du moment, quels qu’ils soient, ne peuvent prétendre être vierges de tout passif. Il appartient à chacun d’en mesurer également les volets positifs. Les rendez-vous électoraux sont l’occasion de faire des choix. Personne n’est obligé de solliciter la confiance de ses concitoyens. Au lendemain des grands soirs, la dure réalité se rappelle à chacun. Et c’est alors que l’on peut mesurer – au-delà des « cent jours » de grâce, comme il se doit -, si la majorité exprimée aura été judicieuse.

Peut-on espérer avoir à nouveau la banane demain sans en laisser traîner la peau ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
7 mai 2007