Chronique du 8 mai 2007

L’élection présidentielle de 2007 en France aura cristallisé deux conceptions de l’aventure humaine dans un environnement spécifique – mais l’analyse est transfrontalière –, orientée dans un cas vers l’économie, l’économie devant être prioritairement au service de l’autre dans le second.

Là réside mon choix : une prise de position pour le respect de l’homme dans son intégrité, au sens fort de ce dernier terme. Nicolas Sarkozy haranguant la foule pour qu’elle se lève tôt n’oublie-t-il pas trop facilement la diversité de nos cheminements sur terre ? Tous formatés pour « être les meilleurs » ? Quelle gageure ! L’économie doit-elle primer au détriment de l’homme ou doit-elle être tournée vers son mieux-être, pour un accomplissement raisonné ? Or la société d’aujourd’hui est nettement marquée par une aggravation des inégalités.

Tout reposer sur la fuite en avant, pour « performer » encore et toujours, aboutit inexorablement à une exploitation exacerbée des ressources naturelles, par définition limitées. Or, en ce début du vingt et unième siècle, l’homme découvre sa fragilité, mesure soudain l’ampleur des dégâts infligés au seul habitat qui puisse assurer sa survie, la Terre. Parallèlement, la société de consommation à outrance a fait la preuve de ses limites dans la quête du bonheur qui donne tout son sens à la vie de chacun . La concentration urbaine, l’accélération de tous les rythmes, ont appauvri le tissu social, l’essence même de tout accomplissement harmonieux.

C’est donc une exploration de nouvelles voies, guidée par le souci de l’être humain, qui doit donner tout son sens à l’action politique. La spéculation financière, quant à elle, aboutit à la déshumanisation.

L’Outre-Mer aura voté plus massivement à gauche. Peut-être parce que la notion de solidarité recoupe un vécu quotidien plus réel dans la préservation des valeurs identitaires.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
7 mai 2007