Chronique du 11 juin 2007

Curieux espace que cette France qui se livre à un pouvoir absolu, sans contestation de l’écriture qui le préétablit. Nous serions donc un modèle de société ? Quand les conditions du débat démocratique sont éclipsées, passivité et acceptation avec pour corollaires révoltes et soubresauts enfiévrés sont inéluctables. Le nombrilisme grégaire est l’apanage des nationalismes exacerbés. Le danger est que dans ces conditions le pays se prive de la longue acculturation aux brassages d’idées contradictoires nécessaires au mieux-vivre ensemble.

Que penser d’un système qui favorise ainsi l’asservissement ? Le Nouveau Centre, les ralliés à Nicolas Sarkozy de la dernière heure, avec 1,8% des voix auraient entre 20 et 25 sièges à l’Assemblée, pendant que le Mouvement Démocrate de François Bayrou, avec 7,5% des voix en obtiendrait entre 0 et 4. Un tel système favorise les compromissions et les calculs sordides. Que 40% d’une population s’en désolidarise n’empêche en rien la mise en exergue des grandes certitudes des gagnants.

En dépit de ces règles pipées, rien n’est jamais écrit a priori ; dans le tourbillon qui nous entraîne, la force des individualités en situation de pouvoir est déterminante. Sans doute faut-il alors au moins compter sur la valeur intrinsèque de ces individus propulsés dans les salons décisionnaires. Sur le terrain – petit ou grand –, la vigilance et l’esprit critique s’imposent plus que jamais. Quand les Vérités s’imposent comme des évidences, il est temps d’emprunter les chemins buissonniers du doute.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
11 juin 2007