Chronique du 17 juin 2007

C’est qu’il aurait fallu l’embaumer, notre Gérard, notre p’tit père de notre petit peuple, le jour où il aurait mis les adjas vers « nowhere ». s’il avait été réélu. Au rythme de ses mandats, il aurait pu battre le Général de Bénouville, ce qui nous aurait amené à dire à ceux qui ne sont pas encore nés que ce n’est pas la peine de se présenter au portillon.

Samedi 16 juin 2007 : le verdict est tombé, clôturant un suspense comme l’Archipel aime parfois les cultiver, au terme d’un dépouillement des bulletins où les journalistes dépêchés dans les bureaux de vote s’emmêlaient les pinceaux dans le calcul de l’écart des voix entre les deux protagonistes.

Annick Girardin est la nouvelle députée de l’Archipel. Avec 1816 voix, elle aura devancé Gérard Grignon de 90 voix.

Annick Girardin aura donc convaincu la majorité de la population, bien que Miquelon ait majoritairement penché du côté du député sortant, avec un score plus faible que d’ordinaire toutefois.

On eût pu craindre un repli conformiste face à la peur de l’inconnu, en reconduisant un homme d’expérience, à la longue carrière, le tout à un nouveau tournant de l’histoire nationale avec une forte coloration bleu nirvana. Confier son destin à une jeune femme quarantenaire ? Mais comment donc, mon général ! L’électorat vient d’écrire une nouvelle page de notre histoire insulaire. Annick Girardin est la première femme à nous représenter au niveau national.

Les vœux des tenants des rênes de la Collectivité territoriale n’auront donc pas été exaucés. Le résultat d’aujourd’hui est sans doute le signe annonciateur d’une relève, que Stéphane Artano, président du Conseil, représente lui aussi.

À suivre le plateau télévisé lors des résultats, chacun aura pu être ravi de constater la sérénité de la gagnante et du battu, la cordialité même, par-delà les différences politiques. C’était là aussi une autre nouveauté, le chapitre étant clos des arrogances d’antan. L’émotion du candidat battu était patente ; Annick Girardin aura sans doute exprimé l’opinion générale du respect que l’on doit à l’un des nôtres qui se sera beaucoup démené.

Mais sans doute était-il temps que d’autres renouvellent le discours et la méthode, car l’histoire de l’Archipel ne s’arrête pas avec les hommes, fussent-ils de grande qualité. Annick Girardin et Gérard Grignon convenaient d’ailleurs de se rencontrer pour une saine passation du flambeau.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
16 juin 2007