Chronique du 18 juin 2007

On n’aura donc pas vu la sarko-trombine à la téloche, pourtant tête d’affiche de la déferlante bleue annoncée. L’arrogance des appétits est venue mourir sur le rivage de la prise de conscience des réalités prosaïques : les exclus du rêve d’un jour de présidentielle risquent d’être plus nombreux qu’il n’y paraissait.

L’appel de Nicolas Sarkozy aura fait… pschitt.

Au final, bien que la droite ait la majorité à l’Assemblée – n’oublions pas non plus le palais des seigneurs sénatoriaux – des saigneurs ? -, il y a moins de députés de l’UMP que dans l’Assemblée précédente et plus de députés socialistes. Quant au numéro 2 du gouvernement, le meilleur d’entre eux, il aura été battu à Bordeaux, ville non réputée au départ pour être un bastion rose. Bordeaux, Toulouse, enfin unis sur le parvis de la préoccupation sociale ? S’il n’y a pas là un signe, il faudra se pencher à nouveau sur l’origine de l’écriture.

Nicolas Sarkozy pourra gouverner, un Dominique de Villepin souriant dans son dos. Mais François Fillon, son agent de terrain, devra compter sur une opposition (ré)confortée et un syndicalisme prêt à se ressourcer. Que les mesures à venir renforcent le sentiment de dégradation du quotidien et les retours de bâton risquent fort d’être durement ressentis.

Ce rappel aux réalités n’est-il pas lié au fait de la trop forte mise en exergue d’un discours cajoleur, sur fond de starting blocks ? La rapidité du reflux n’est-elle pas le pendant de la promotion médiatisée par le candidat à la présidence, puis du président élu, de la vitesse et de la précipitation ? Le zapping s’en trouve renforcé.

Quelle est la vocation des responsables politiques sinon le dévouement à la cause du mieux-être de la population qu’ils représentent ? Le monde est complexe, il est vrai, mais il est des valeurs qui gardent tout leur sens, à commencer par le souci de répondre aux besoins des plus démunis, de réduire la fracture sociale, de plus en plus patente. Le retour en force de ces sujets fondamentaux pour échapper à la déstructuration ne s’est pas fait attendre et la gauche peut retrouver le chemin du Sens.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
18 juin 2007