Chronique du 23 juin 2007

Eh bien, cher lecteur mathurinien, je vais jouer la carte confiance, celle qu’il m’arrive d’utiliser dans le creux du doute pour éviter la déprime. Nicolas Sarkozy a été élu, il y a autour de lui des personnalités qui méritent qu’on les écoute ? Allons-y. Car je ne voudrais pas te laisser penser que je suis par définition de parti pris, même si tu en as pris ton parti. Je ne m’empêcherai pas de t’avouer qu’à voir les avocats en grève, je me suis demandé pour qui ils avaient pu voter. Mais le secret des urnes évite les stigmates sur le front. Et pour reprendre les propos du porte-parole de notre président à Bruxelles, nous conviendrons que « nous n’avons jamais été aussi proches d’un accord, comme d’un désaccord », ce qui laisse une marge à nos divergences, voire à nos convergences.

En ne pensant plus rien, chacun pourra penser ce qu’il voudra. D’ailleurs, je ne te demanderai pas ce que tu en penses, tu penses bien.

Oui, j’ai été troublé par l’aveu de Ségolène Royal qui aura porté des thèmes auxquels elle ne croyait pas, ce qui m’amène à m’interroger sur les prééminences nécessaires d’une individualité qui impulse l’instinct grégaire ou sur les objectifs à définir préalablement par un parti. Oui, je me suis amusé de la remarque de Nicolas Sarkozy en pleine négociation européenne : « Je suis dans la délégation française le seul qui ne soit pas socialiste ». Un peu d’humour rassure toujours.

Ici, l’été a commencé dans le brouillard ; demain les sanglots longs des violons de l’automne berceront mon cœur d’une langueur monotone, comme tu l’imagines. D’ici là, Nicolas Sarkozy aura couvert des kilomètres à pied sans s’user, nombre de ses suiveurs auront tiré la langue, le dopage de l’imaginaire ne suffisant pas pour tenir la route.

Fais gaffe toutefois à la grippe aviaire, ô lecteur. Elle touche aujourd’hui des dindes chez les Tchèques ; touchera-t-elle demain les dindons en France ?

Fin de mon petit poulet.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
22 juin 2007