Chronique du 15 octobre 2007

« Fadela Amara et l’UMP scellent leur réconciliation », lit-on dans le Figaro du 15 octobre 2007. J’en suis ravi, et le disant, peut-être seras-tu étonné, ô lecteur, de mon indulgence plénière à l’égard du pouvoir bleu.

Que Fadela Amara soit jugée – condamnée –sur sa franchise participative pour s’être élevée contre le côté « dégueulasse » des tests ADN au regard du traitement de l’immigration, et non sur ses actes, me chagrinait. Aussi n’ai-je pas rejoint la cohorte de la bien-pensance, de quelque bord qu’elle fût. Eh ! Eh ! Écouter les faux-culs effarouchés de droite et de gauche avait eu le don de m’exaspérer. Ni pute, ni soumis, me suis-je dit. Telle doit être la règle, contrevenant ainsi aux balises ordinaires de la scénographie politique.

La langue de bois n’est-elle pas à la racine des feuilles mortes qui jonchent trop souvent le dessous des tapis verts ? Fadela Amara ne démissionnera donc pas du gouvernement. Pas question pour autant de prendre sa carte de l’UMP. « On ne m’a pas demandé, moi, de m’édulcorer ou d’avaler ou de boire de la Javel, il faut qu’on soit clair ! » Cela eût fait tache, en effet. Et c’est tant mieux, car ce n’est déjà pas facile avec les couleuvres.

Amusant de constater qu’un Patrick Devedjian reconnaisse avoir pris du retard dans la prise en compte des différences. « C’est en partie notre faute, l’intégration s’est mal faite », a-t-il reconnu. « On s’est aperçus de ça un peu tard ( … ), donc maintenant on va rattraper le retard ». Allez, il est temps de redire à nos enfants que la lutte contre l’intolérance est au cœur de l’Aventure humaine.

Bref, les tests ADN, c’est dégueulasse car discriminatoire. Le gouvernement fera-t-il preuve d’ouverture pour écouter Fadela Amara ? Comment ne pas suivre les penchants des mises à l’écart trop faciles, « Car la rue est peuplée de sombres anarchistes / de Noirs, de Portugais et de Nord-Africains », chantait il y a déjà un certain temps Jean-Roger Caussimon, dans Les Milices ? Ne sommes-nous pas en effet « français, français à part entière » ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
15 octobre 2007