Chronique du 17 octobre 2007

L’automne est à nos pores, nos ports, nos portes. N’avons-nous donc vaincu que pour avoir trop été ? Mais vaincu quoi, mais vaincu qui, que diable ? Le temps qui nous entraîne pardi, qui nous surveille au corps.

Pause (pour une relecture à voix haute)…

Le ciel n’est-il pas porteur d’Incertitudes nébuleuses, de grisaille bleutée, de coins de ciel azur vite effacés comme par un coup d’éponge alors qu’on se calfeutre sous nos premières épaisseurs de tissus synthétiques ? « La pluie a mis ses chaussons mouillés / La saison meurt au bras des nuages » chante Jehan Jonas dans ma boîte à souvenance. Dans deux mois et demi nous attendent les vœux d’une nouvelle année alors qu’on n’a pas eu le temps de retenir les échos de la précédente, envolés déjà comme feuilles jaunies. Viendra-t-il le temps – ô charme discret des réminiscences -, de la quarantaine ? Autant qu’il m’en souvienne, je n’évoque point ton âge.

Des sources d’inquiétude se sont taries dans le moulin à aubes des jours meilleurs ; le nouvel hôpital a vu sa première pierre, le barrage du goéland a chaussé ses semelles. Va-t-on explorer demain les rivières de nouveaux espoirs ?

Parions donc « À la vie », pour citer encore Jonas, Jehan de son prénom, mort incognito, mais poète pourtant et de ces grands à découvrir, je te l’assure. N’avons-nous pas été sensibilisés dernièrement sur nos ondes lactées aux seins tétés, tout été que l’on fût ? « Le sein qui s’agenouille au milieu des badauds / La bouche qui se grouille à l’vider illico… C’est la vie qui commence… » Une belle actu pour une chanson écrite il y a quelques lunes.

Tu me vois guilleret, ô compagnon de lecture en fête. T’ai-je déjà dit que j’aimais l’automne ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
16 octobre 2007