Chronique du 10 novembre 2007

On l’aura compris, avec l’augmentation du prix des produits laitiers, plus question de boire du petit lait au moindre propos sans mesurer combien ça coûte. Et faire un fromage à la première occasion ne peut qu’apparaître comme une activité à haute valeur occupationnelle ajoutée.

Comment faire son beurre ? Là est la question. Plutôt la baratte que le baratin ! Force étant de constater que le « travailler plus pour gagner plus » au rythme de l’inflation se sera révélé un piège à gogos, grosses légumes mises à part.

D’ailleurs, mettre du beurre dans les épinards au prix de la verdure sur les étals ne provoque-t-il pas un haut-le-coeur chez le consommateur éberlué, nourri de conseils savamment dosés en diététique ? Force est de constater à l’orée d’un nouvel hiver qu’il n’y a pas plus de fruit de la sueur que de beurre au troufion. Bosser pour du beurre ! Qui l’eût cru ?

Hic ! m’a résumé un philosophe complètement beurré. Et nunc ! ai-je ajouté, tant à chaque jour, à chaque instant pointe l’urgence de la vigilance. Le lait tue, m’a-t-il assené en m’offrant un verre. Et la laitue t’achève, lui ai-je glissé dans les feuilles. Faut se mettre au verre ! m’a-t-il dit. Au vert ! C’est sûr, ai-je ajouté en en faisant toute une salade.

Soudain quand on s’est mis à reluquer la laiterie d’une bergère venue galamment nous rejoindre, nous fûmes épris de l’ivresse de l’inflation.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
10 novembre 2007