On l’aura compris, avec l’augmentation du prix des produits laitiers, plus question de boire du petit lait au moindre propos sans mesurer combien ça coûte. Et faire un fromage à la première occasion ne peut qu’apparaître comme une activité à haute valeur occupationnelle ajoutée.
Comment faire son beurre ? Là est la question. Plutôt la baratte que le baratin ! Force étant de constater que le « travailler plus pour gagner plus » au rythme de l’inflation se sera révélé un piège à gogos, grosses légumes mises à part.
D’ailleurs, mettre du beurre dans les épinards au prix de la verdure sur les étals ne provoque-t-il pas un haut-le-coeur chez le consommateur éberlué, nourri de conseils savamment dosés en diététique ? Force est de constater à l’orée d’un nouvel hiver qu’il n’y a pas plus de fruit de la sueur que de beurre au troufion. Bosser pour du beurre ! Qui l’eût cru ?
Hic ! m’a résumé un philosophe complètement beurré. Et nunc ! ai-je ajouté, tant à chaque jour, à chaque instant pointe l’urgence de la vigilance. Le lait tue, m’a-t-il assené en m’offrant un verre. Et la laitue t’achève, lui ai-je glissé dans les feuilles. Faut se mettre au verre ! m’a-t-il dit. Au vert ! C’est sûr, ai-je ajouté en en faisant toute une salade.
Soudain quand on s’est mis à reluquer la laiterie d’une bergère venue galamment nous rejoindre, nous fûmes épris de l’ivresse de l’inflation.
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
10 novembre 2007