Chronique du 6 novembre 2007

Alors, vous faites grève ? me dit-elle alors que je restais comme un piquet au carrefour, à la nuit déjà tombée, en attendant un poteau. Et d’ajouter qu’elle aimait mes chroniques, ce qui me fit plaisir évidemment. Il est vrai, je l’avoue, que j’aime marquer des pauses, histoire de mieux avancer en prenant du recul. Avoir toujours la tête dans le guidon n’est-il pas le meilleur moyen de pédaler dans le vide ?

Ne suis-je pas resté perplexe lors du récent mouvement de mécontentement dans le commerce en découvrant que la crise aurait pu être évitée en évitant l’attentisme qui prévaut trop souvent sur nos îles ? Gouverner c’est prévoir, dit-on ; encore faut-il quelqu’un au gouvernail. Or la représentation patronale n’étant pas suffisamment structurée, aucune anticipation ne pouvait s’entrevoir. Le jour de grève dans le commerce aura été marqué par une altercation entre représentant syndical et chef d’entreprise qui aura donné lieu à un dépôt de plainte de la part de ce dernier. Il est des paroxysmes qui n’aident pas au bien-vivre ensemble. Une journée autour du tapis vert aura permis de trouver des solutions. Mais l’impression du « coup de gueule » obligé n’est pas du meilleur effet, quand on préfère être d’un commerce agérable.

Le civisme peut pourtant prévaloir. Le maire de Saint-Pierre aura pu constater que son appel aura été immédiatement entendu, la consommation d’eau s’étant réduite de 10%, ; avec un peu d’entendement et de mesure, on peut donc éviter les débordements et faire preuve de bonne conduite en période de basses eaux. Une façon comme une autre de prendre de la bouteille en quelque sorte.

Une coupure de courant a marqué le début de la nuit du 5 au 6 novembre, événement aujourd’hui qui fait la lumière sur les chemins accomplis depuis les années soixante-dix où les coupures étaient fréquentes. Pourtant la centrale vieillit ; une mission d’EDF est sur Saint-Pierre pour relever le compteur du temps.

Ainsi essaié-je de te tenir au courant d’une manière quelque peu alternative de ce qui électrise en continu notre vie insulaire. De quoi avoir des ampoules aux doigts sur le clavier qui nous unit.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
6 novembre 2007